En juillet dernier, l’Agence européenne du médicament (EMA) avait lancé une revue des données sur le risque de pensées suicidaires et d'idées d'automutilation associé à la prise d’agonistes des récepteurs du GLP-1, et notamment pour le sémaglutide (Ozempic et Wegovy) et le liraglutide (Saxenda).
Publiée dans Nature Medicine, cette étude s’est appuyée sur les dossiers de santé électroniques de patients obèses ou en surpoids et d’autres atteints de diabète de type 2. Parmi les 240 618 de patients obèses ou en surpoids (âge moyen 50 ans, 72,6 % de femmes), traités par sémaglutide ou un autre médicament pour perdre du poids (bupropion, naltrexone, orlistat, topiramate, phentermine, setmélanotide), 7 847 avaient des antécédents d’idées suicidaires. Parmi les 1 589 855 de patients atteints de diabète de type 2 (âge moyen de 58 ans, 49,2 % de femmes), traités par sémaglutide ou autre (metformine, inhibiteurs de l’alpha-glucosidase, thiazolidinediones, inhibiteurs de DPP-4, inhibiteurs du SGLT2), 16 970 avaient des antécédents d’idées suicidaires.
La nécessité d’études sur le long terme
À six mois après l’introduction du traitement pour la perte de poids, les patients obèses ou en surpoids présentaient un risque de 0,11 % de premières pensées suicidaires (parmi celles sans antécédents) et environ 7 % d'avoir des idées suicidaires récurrentes (parmi ceux ayant des antécédents). Dans le groupe traité par d’autres médicaments, le risque s’élevait respectivement à 0,43 % et 14 %.
Chez les patients atteints de diabète de type 2, le sémaglutide était associé à un risque de 0,13 % d'idées suicidaires pour la première fois et à 10 % d'idées récurrentes, contre respectivement 0,36 % et 18 % pour les autres médicaments contre le diabète. Un risque moindre associé au sémaglutide est retrouvé après un suivi de trois ans après l’instauration du traitement.
Ces résultats ne confirment pas les inquiétudes européennes, mais des études à plus long terme sont nécessaires, insistent les auteurs. Aussi, ce travail n’a pas exploré les associations entre le traitement et les tentatives de suicide ou l'automutilation non suicidaire, la taille des échantillons étant trop petite pour une analyse statistique, est-il indiqué.