« Notre étude vise à vérifier s'il y a ou non un intérêt à suivre la composition du microbiote chez les patients Covid-19 », indique la Pr Alessandra Cervino, promoteur de l'étude et fondatrice de Luxia Scientific.
Pour cela, l'étude devrait inclure 160 personnes : 80 patients hospitalisés pour une infection Covid-19 sévère et 80 personnels médicaux et paramédicaux (groupe contrôle).
« Nous allons regarder à quatre semaines si les patients sont passés en réanimation ou s'ils sont décédés, explique la Pr Cervino. Nous allons pouvoir corréler la présence du virus et la composition du microbiote avec les différents paramètres cliniques et l'évolution de la maladie. Nous espérons trouver des marqueurs de mauvais pronostic ».
Pour cela, un prélèvement de selle va être réalisé à l'inclusion et sera réparti en deux tubes, l'un permettra le séquençage génétique de l'ensemble du microbiote, le second sera utilisé pour la réalisation d'une PCR virale. Un questionnaire de suivi est également prévu pour l'ensemble des participants, et un séquençage génétique du virus va être réalisé pour les 15 premiers patients pour caractériser le virus et identifier d'éventuelles mutations.
Vers une étude interventionnelle
Les premiers résultats de cette étude sont attendus au début de l'été. « Par la suite, une autre étude clinique pourra évaluer au niveau interventionnel l'intérêt d'avoir de tels biomarqueurs par le biais de probiotiques ou de thérapeutiques », avance la Pr Cervino.
Plusieurs éléments ont conduit la Pr Cervino et son équipe à lancer cette étude sur le microbiote : la présence du virus dans les selles chez près de la moitié des patients, la forte expression du récepteur ACE2 (qui permet l'entrée du SARS-CoV-2 dans les cellules) dans certains types de cellules digestives et les symptômes gastro-intestinaux rapportés chez les patients Covid-19. « Une récente étude chinoise parue sur Medrxiv (non revue par les pairs) a par ailleurs montré le potentiel prédictif du microbiote intestinal dans sa capacité à prédire les cas graves », a également noté la Pr Cervino.