Le jeûne peut être bénéfique pour éliminer les toxines et les graisses accumulées par une nourriture trop abondante et/ou déséquilibrée. Ce nettoyage intestinal et ce déstockage correspondent à un besoin physiologique mais il y a plusieurs façons de jeûner.
Le jeûne peut être continu (sur plusieurs jours sans interruption), cyclique (1 jour sur 2 ou 1 à 2 fois par semaine) ou rythmé par des cycles de traitement (chimiothérapie). Le jeûne intermittent est défini par un arrêt total de l'alimentation (seule l'eau est autorisée) pendant une durée de quelques heures à quelques jours ; entre les périodes de jeûne l'alimentation est habituelle ou restrictive. Les principaux protocoles sont un jeûne intermittent de 16 heures sur 24 heures (16 : 8) ou de deux jours sur une semaine (2 : 5). Il est considéré comme court s'il dure moins de 72 heures et long au-delà de cette durée. Le jeûne est qualifié de partiel lorsqu'il autorise un apport de 200 à 300 kcal/jour sous forme de bouillons de légumes, de fruits ou de jus de fruits. Un jeûne de quelques jours seulement ne représente pas un grand danger, il est toutefois contre-indiqué aux femmes enceintes, aux enfants et adolescents en pleine croissance, aux personnes souffrant de pathologies cardiaques ou rénales ou avec un IMC inférieur à 18.
Plusieurs perturbations métaboliques
Il ne faut surtout pas stigmatiser les patients qui souhaitent entamer un jeûne, tout dépend de leur état de santé et du type de jeûne envisagé. Il est recommandé de le faire sous la supervision d’un médecin expérimenté pour bénéficier d'une évaluation et d'une surveillance diététique et nutritionnelle. Quels que soient les objectifs visés, le jeûne induit le déplacement d’équilibres métaboliques à l’échelle de tout l’organisme et ces modifications ne sont pas sans risques. Quand on arrête de manger, la carence d'apports caloriques et glucidiques mobilise les réserves de graisse de l’organisme. C’est un processus de compensation qui se déclenche lorsque le corps ne peut plus utiliser ses ressources de glucose comme source d’énergie. Dès la 36e heure de jeûne, il va puiser dans les réserves des tissus adipeux pour libérer les acides gras qui sont transformés en cétones (ou corps cétoniques) capables de fournir du carburant aux muscles et au cerveau. Les impacts négatifs sont liés à une acidose métabolique importante (baisse du pH du plasma sanguin qui devient plus acide). Si le jeûne dure trop longtemps, le corps se met à puiser dans les muscles et utilise des protéines qu'il transformera en acides aminés, puis en glucose.
Les relations jeûne et insuline
Même chez les sujets en bonne santé, jeûner sans compenser la perte de sels minéraux peut entraîner de l’hypotension, des vertiges, voire des chutes. De plus, une carence en potassium peut présenter un risque sur le plan cardiaque. Qui dit jeûne dit aussi absence de chaleur dégagée par le travail digestif et production réduite d’hormones thyroïdiennes. Il existe aussi des risques d'anémie par carence en fer, d'inflammation, de fibroses au niveau hépatique et de dégradation du capital osseux. Les autres effets indésirables sont de la fatigue, de la constipation et des maux de tête. Des travaux ont mis en évidence l'intérêt du jeûne intermittent pour certaines maladies liées à des troubles de l'insuline.
Concernant le surpoids, en cas d'arrêt de l'alimentation pendant quelques heures, le niveau d'insuline baisse, diminuant la résistance à l'insuline et favorisant ainsi la perte de poids. D'autre part, la mise en place de la voie de la cétogenèse à partir des acides gras mobilise la dépense énergétique du corps tout en diminuant la sensation de faim et l’appétit, il devient alors plus facile de perdre du poids. Mais les résultats restent contestés quant à un amaigrissement durable. De plus, comme tout régime restrictif, le jeûne fait courir un risque de dénutrition, de sarcopénie et de déshydratation en cas de limitation de consommation de boissons, des conséquences particulièrement préjudiciables chez le sujet âgé. Il faut fixer des objectifs clairs et des limites précises en termes de perte de poids et de masse musculaire. Pour les diabétiques, les conséquences peuvent être nombreuses : hypoglycémie au cours du jeûne, hyperglycémie due à des apports excessifs lors de la rupture du jeûne, acidocétose (conséquence d'une carence en insuline).
* Ce sujet sera traité dans un prochain article.