Le Quotidien du pharmacien.- La crise du Covid a révélé le rôle vital et les atouts des officines pour les systèmes de santé. Comment inscrire dans la durée les nombreuses initiatives prises pour accompagner les patients pendant la pandémie ?
Alain Delgutte.- Par leur présence et leur engagement, les pharmaciens ont su faire de la pandémie une opportunité. Nous n’avons jamais fermé, nous avons informé toute la population de manière fiable, mais aussi distribué des masques, livré à domicile, répondu aux besoins en élargissant les règles de la substitution et même, dans certains pays comme la France, l’Espagne ou le Portugal, pris le relais de certaines dispensations hospitalières. Aujourd’hui, nous devons conforter ces missions, en montrant aux États et à l’Union européenne que nous sommes au cœur de l’innovation et des nouveaux services, avec parmi eux l’ordonnance électronique et les vaccinations, aujourd’hui contre la grippe, et bientôt contre le Covid. Nous venons de réaliser une étude sur toutes nos missions et compétences, que nous allons leur transmettre pour qu’ils puissent s’inspirer des meilleures pratiques qu’elle recense.
Avec ou sans Covid, les ruptures de stock empoisonnent la vie des pharmaciens, et bien sûr celle des patients européens. L’UE a présenté en novembre une stratégie pour tenter d’y remédier : sera-t-elle suffisante ?
En France, un patient sur quatre souffre des conséquences des ruptures de stock. Les décisions européennes vont dans le bon sens, avec notamment une meilleure coordination entre les pays pour prévenir ces pénuries, mais aussi une meilleure information sur ces dernières et un renforcement du dialogue entre les titulaires d’AMM et les autorités nationales. Nous souhaitons en outre que le champ de l'exercice puisse être étendu en cas de tension d'approvisionnement, pour permettre aux pharmaciens de mieux accompagner les patients et de garantir la continuité des traitements. Ceci inclut la généralisation de la substitution générique, voire thérapeutique, et la mise en place d’outils de communication électronique avec les prescripteurs. Nous soutenons la volonté de l’Europe de rapatrier la production industrielle sur son sol, tant pour les matières premières que pour les excipients. En outre, le GPUE plaide pour que le travail des pharmaciens confrontés aux pénuries et à leurs conséquences soit mieux reconnu, avec notamment une rémunération spécifique pour compenser les coûts liés à la recherche de solutions de remplacement lors des ruptures de stock.
Concrètement, comment allez-vous organiser cette année de présidence, depuis votre officine de Nevers ?
Dans les mois à venir, nous continuerons à nous réunir en ligne, comme c’est déjà le cas depuis mars… Mais le Groupement dispose d’une excellente équipe à Bruxelles, et je peux compter par ailleurs sur la disponibilité de mon équipe officinale habituée, en temps normal, à mes fréquents déplacements parisiens liés à mes activités ordinales. Nous nous rencontrons régulièrement à Bruxelles et nous espérons, en outre, tenir notre prochaine grande réunion européenne à Nice en juin, si la situation sanitaire le permet…
Encadré : Le GPUE en quelques lignes
Installé au cœur du « quartier européen » de Bruxelles, le GPUE est le porte-parole et représentant officiel des officinaux auprès des institutions de l’UE. Actuellement dirigé par une juriste italienne, son secrétariat suit étroitement l’ensemble des débats et travaux européens, tout en y faisant entendre la voix de la profession.
Administré par un comité exécutif élu, le GPUE compte 26 États membres et 6 pays observateurs. Ils y sont représentés par des délégations issues des organisations représentatives de chaque pays. C’est ainsi que l’Ordre, la Fédération et l’USPO se partagent les trois sièges français, occupés par Alain Delgutte, Éric Garnier et Paul Gelbhart. Successeur du Portugais Duarte Santos, Alain Delgutte sera secondé par un vice-président allemand, Mathias Arnold.