Une alerte du Fonds mondial

Le Covid-19 a profondément affecté la lutte contre la tuberculose et le sida en 2020

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Publié le 14/09/2021
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Le Covid-19 a eu un « impact dévastateur » sur la lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose, qui a connu un recul sans précédent, a déploré le 7 septembre le Fonds mondial de lutte contre ces maladies dans son rapport annuel.

« Pour nos 20 ans, nous voulions que ce rapport sur les résultats raconte les extraordinaires histoires de courage et de résilience qui ont jalonné deux décennies de progrès dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme », explique Peter Sands, directeur exécutif du Fonds mondial, en introduction.

« Hélas, les statistiques de 2020 nous ont obligés à changer de perspective. La pandémie a creusé les inégalités, détourné des ressources vitales, interrompu ou entravé l’accès aux activités de traitement et de prévention et enfoncé encore plus les populations vulnérables dans la précarité. »

Un recul du dépistage du VIH de 22 %

La crise liée au Covid s'est révélée particulièrement délétère pour la lutte contre la tuberculose, notamment résistante aux médicaments, et celle contre le VIH dans les populations vulnérables.

En 2020, le nombre de personnes traitées pour la tuberculose pharmacorésistante dans les pays où le Fonds mondial est présent a chuté de 19 %, le nombre de personnes sous traitement pour la tuberculose ultrarésistante de 37 % et le nombre de patients tuberculeux séropositifs au VIH sous antirétroviraux pendant leur traitement contre la tuberculose de 16 %. Globalement, seulement 4,7 millions de personnes atteintes de tuberculose ont reçu des traitements du Fonds, soit un million en moins qu'en 2019.

Sur le front du VIH, le nombre de personnes positives recevant un traitement antirétroviral a continué d'augmenter, avec un taux de 8,8 % en 2020. Mais les populations les plus difficiles à atteindre ont été laissées pour compte. Les programmes de prévention auprès des personnes à risque ont atteint 11 % en moins de personnes et 12 % en moins de jeunes. Le Covid a en effet perturbé les chaînes d'approvisionnement en matière de préservatifs ou de lubrifiants. Le nombre de mères séropositives qui ont reçu un traitement pour prévenir la transmission du VIH à leur bébé a chuté de 4,5 %. Le dépistage du VIH a chuté de 22 %, ce qui a fait reculer la mise sous traitement antirétroviral dans la plupart des pays.

Du mieux dans le paludisme

La lutte contre le paludisme échappe à ce sombre constat. Le nombre de moustiquaires distribuées (188 millions) a augmenté de 17 % et le nombre de structures couvertes par pulvérisation intradomiciliaire d’insecticide de 3 %. Ceci grâce à l'engagement des volontaires qui ont délaissé les distributions dans les grands centres, incompatibles avec la pandémie, au profit du porte-à-porte. En 2020, 11,5 millions de femmes enceintes ont reçu un traitement préventif. Toutefois, le dépistage des cas suspects de paludisme a baissé de 4,3 % et les progrès dans la lutte contre la maladie ont stagné.

En 2020, la réponse rapide du Fonds à la pandémie a permis d'éviter le pire, se félicite Peter Sands. L'an dernier, le Fonds a déboursé 4,2 milliards de dollars (3,5 milliards d'euros) pour continuer de lutter contre sida, tuberculose et paludisme, et 980 millions de dollars (829 millions d'euros) supplémentaires pour lutter contre le Covid. Depuis sa création en 2002, il aurait permis de sauver 44 millions de vies. Mais la pandémie a plus que jamais rappelé « l'importance cruciale des systèmes de santé ». 

Coline Garré

Source : Le Quotidien du Pharmacien