« Nous avons endossé des gilets pare-balles par-dessus nos blouses blanches, mais nous continuons nos missions de santé, car nous sommes souvent les seuls à pouvoir assurer les premiers soins sur le terrain », écrit l'Ordre des pharmaciens ukrainiens.
« Beaucoup de pharmacies ont dû fermer par manque de personnel, mais celles qui le peuvent restent ouvertes, en dépit de pénuries croissantes de médicaments », précise le président de l’Ordre, Oleg Klimov. En effet, de nombreuses officines ne peuvent plus être approvisionnées en raison de la désorganisation du réseau de grossistes, les routes étant devenues impraticables ou trop dangereuses. « Nous appelons tous nos confrères à l’aide », poursuit M. Klimov, en dénonçant la « barbarie des agresseurs » et les « nombreuses violations de la convention de Genève » dont ils se sont rendus coupables.
L’Ordre ukrainien demande aux pharmaciens du monde entier de cesser toute coopération avec des entreprises ou des organisations pharmaceutiques russes, et réclame l’exclusion de la Russie de la FIP jusqu’à son retrait d’Ukraine. Il appelle les pharmaciens à participer à l’aide humanitaire au profit de son pays, mais aussi à s’associer aux initiatives et manifestations internationales de protestation contre la guerre.
Les dons financiers les mieux adaptés aux besoins
Depuis le début du conflit, la FIP et le GPUE ont déjà coordonné différentes actions de solidarité au profit des pharmacies ukrainiennes, et la FIP vient d’ouvrir un compte spécialement destiné à ces dernières. L'organisation internationale rappelle qu’actuellement ce sont les dons financiers qui sont les mieux adaptés aux besoins, même si de nombreuses associations de pharmaciens, notamment espagnoles, italiennes, allemandes et polonaises, ont aussi envoyé des dons en médicaments. Les pharmaciens finlandais et canadiens ont, pour leur part, été les premiers à approvisionner le compte ouvert au profit de l’Ukraine. Par ailleurs, plusieurs industriels européens attendent un feu vert administratif pour envoyer eux aussi des médicaments. Des importateurs parallèles basés en Roumanie ont, quant à eux, déjà offert des lots aux pharmaciens ukrainiens.
Ancienne république soviétique indépendante depuis 1991, l’Ukraine est passée en quelques années, comme son voisin russe, d’un système de pharmacies totalement centralisé et étatisé à une organisation libérale et privée très concurrentielle. Les chaînes et propriétés multiples sont autorisées, et l’on compte environ 20 000 pharmacies, trois fois plus qu’en 1991, appartenant soit à une centaine de chaînes et groupements de taille variable, soit à des indépendants. Notons enfin que les pharmaciens russes commencent déjà eux aussi à souffrir de pénuries, en raison des embargos de produits occidentaux. Ils s’inquiètent notamment du manque de médicaments pour leurs patients diabétiques et viennent de le faire savoir officiellement. La Russie et l’Ukraine abritent, de loin, le plus grand nombre de pharmacies parmi les « États successeurs » de l’ancienne URSS, et en constituent aussi les deux plus gros marchés.
* Fédération internationale pharmaceutique.