Lancée en mai pour suivre l’évolution de la séroprévalence dans une population active représentative d’Île-de-France, l’étude publiée dans « European Journal of Immunology » estime le taux d’infection au virus entre 11 % (sérologie seule) et 16,6 % (tenant en compte de la perte de goût et d’odorat sans anticorps).
Des cas de sérologie négative après une infection prouvée par RT-qPCR
Entre mai et juillet, les volontaires ont été soumis à des prises de sang et à un questionnaire sur leurs symptômes, permettant de corréler la réponse immunitaire et les symptômes. Les analyses de sérums ont révélé la présence d’anticorps IgG contre les protéines N et S dans 11 % des échantillons. Parmi les sérums, 9,5 % contenaient des anticorps neutralisants dans les dosages de virus pseudo-typés. Ainsi, « la prévalence de la séroconversion était de 11,6 % en considérant la positivité dans au moins un test », précisent les auteurs.
Parmi les individus immunisés, 21 % étaient asymptomatiques. L'anosmie et l'agueusie étaient survenues chez 52 % des individus avec des anticorps, mais « 30 % des cas d'anosmie-agueusie étaient séronégatifs, ce qui suggère que la prévalence réelle de l'infection pourrait avoir atteint 16,6 % », observent les auteurs. L’hypothèse d’une sous-évaluation de la séroprévalence est renforcée par la non-détection d’IgG chez 5 % des individus dont une infection au SARS-CoV-2 a pourtant été prouvée par RT-qPCR.
Une demi-vie de 4 semaines
L’étude s’est également intéressée à l’évolution des anticorps IgG spécifiques au virus, en analysant des sérums obtenus quatre à huit semaines après le premier prélèvement. Dans plus de 75 % des cas, la réponse a été décroissante. Et la durée de demi-vie des anticorps neutralisants (baisse de la concentration de 50 %) n’excédait pas quatre semaines. « La courte durée de vie des réponses systémiques sérologiques suggère une sous-estimation de la prévalence réelle de l'infection », insistent encore les auteurs.
Pour approfondir ces résultats, l’étude va être prolongée pendant un an. De nouveaux prélèvements vont être réalisés chez plus de 1 000 participants et de nouveaux volontaires issus de l’Institut Pasteur vont être intégrés.