Variole du singe

La « ressemblance frappante » avec le VIH exige la vaccination, avertit le Dr Fauci

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Publié le 01/09/2022
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Accès aux outils de lutte contre l’épidémie, recherche rigoureuse, vigilance sur la sécurité, diffusion des bonnes pratiques… Les leçons tirées des ripostes aux pandémies de sida et de Covid-19 doivent orienter la réponse actuelle à l’épidémie de variole du singe, plaident le Dr Anthony Fauci et le Dr Clifford Lane, respectivement directeur et directeur adjoint pour la recherche clinique de l'Institut américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID).

virus

Crédit photo : Phanie

Dans un éditorial du « New England Journal of Medicine » (NEJM), les Drs Fauci et Clifford Lane commentent la publication dans la revue d’une série de 528 cas de variole du singe issus d’une cohorte couvrant 16 pays sur cinq continents. Comme l’étude française décrivant les premiers cas pris en charge à l’hôpital Bichat, ce travail met en évidence « une ressemblance frappante » entre le schéma épidémiologique actuel et les premiers cas de VIH, écrivent-ils.

La grande majorité des cas se trouve parmi les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) : 98 % dans l'étude du « NEJM », 95 % dans la française. Mais, « il est prudent de tenir compte d'une observation faite au cours de la première année de la pandémie de sida : … "toute hypothèse selon laquelle elle restera limitée à un segment particulier de notre société est vraiment une hypothèse sans fondement scientifique" », avertissent-ils.

Le virus de la variole du singe est connu pour se transmettre par contact direct entre la lésion et la peau. Il existe « très peu de preuves de propagation domestique de toute forme de monkeypox autre que parmi les soignants [lors des épidémies précédentes, une telle propagation se faisait souvent d'un enfant infecté à un soignant, NDLR] », relèvent les patrons du NIAID. Ces éléments suggèrent que l’infection « ne se propage pas par contact occasionnel » et nécessite probablement une « exposition prolongée ou répétée » à des lésions excrétrices de virus.

Mais les données récentes suggèrent également que la transmission sexuelle joue probablement un rôle dans l'épidémie actuelle. La découverte de virus dans des échantillons de sperme, la présence de lésions isolées de l'oropharynx (23 % dans l’étude du « NEJM ») et la prédominance des lésions génitales et périanales appuient cette hypothèse.

Mais, contrairement au sida, où il a fallu des années pour connaître la maladie et développer des outils de lutte (dépistage, prévention, traitements), l'agent étiologique est connu, un vaccin est disponible (Imvanex) et deux médicaments (técovirimat et brincidofovir) semblent efficaces, poursuivent-ils.

Un accès équitable pour outils existants

L’enjeu pour les acteurs de la recherche et de la santé publique est ainsi d'assurer une « distribution équitable et efficace » de ces outils, concluent-ils. Pour l’heure, la riposte s’organise nationalement. Ce sont notamment les États qui sont à la manœuvre pour l’achat et la distribution des doses de vaccins disponibles. Le fabricant du seul vaccin autorisé, le laboratoire danois Bavarian Nordic, a annoncé ces dernières semaines avoir signé des accords pour des vaccins supplémentaires aux États-Unis et en Europe, mais le détail de toutes les commandes n'est pas disponible, rapporte l’AFP.

En France, où les associations réclament une accélération de la campagne vaccinale, le cap des 50 000 doses administrées a été franchi le 23 août. De son côté, l’Organisation mondiale de la santé cherche à « faciliter un accès équitable au vaccin ». L’agence de l’ONU a signé, le 24 août, un accord avec Bavarian Nordic pour une distribution du vaccin dans les pays d'Amérique latine et aux Caraïbes. « Les livraisons de vaccins devraient commencer en septembre », indique le laboratoire.

Elsa Bellanger

Source : Le Quotidien du Pharmacien