Surpoids infantile

La prévention de terrain, ça marche !

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Publié le 29/09/2020

Une étude réalisée dans des villes ayant bénéficié, pendant 4 ans, du programme de prévention Vivons en Forme (VIF), ciblant des enfants du primaire en surpoids ou obèses, montre que les actions de proximité sont bien plus payantes que les campagnes d’information.

Transformer les comportements progressivement, sans stigmatiser

Transformer les comportements progressivement, sans stigmatiser
Crédit photo : Phanie

En France, 1 enfant sur 5 est en surpoids ou obèse, avec une prévalence plus élevée dans les populations vulnérables. Les nombreuses actions menées à l’échelon national ces dernières années via des campagnes de sensibilisation ou directement dans les écoles n’ont pas donné les effets escomptés. La situation ne s’est pas aggravée mais la tendance n’a pas été inversée. D’où l’idée de mener des actions « partant du terrain, conçues avec le terrain et pour le terrain », en utilisant les techniques du marketing social de façon à modifier durablement les comportements de ces enfants.

Le programme Vivons en Forme (VIF), déployé par l’association Fédérons les villes pour la santé (FLVS), reconnue d’utilité générale depuis 1991, consistait à placer les villes au cœur du dispositif et à agir concrètement sur l’environnement périscolaire et familial des enfants. Pour que ce programme soit accessible à toutes les collectivités, l’association a fait appel à des partenaires publics et privés (comme les Fondations Nestlé France et Ramsay Santé) en s’appuyant sur une charte éthique. Les 251 villes adhérentes (de moins de 100 000 habitants) ont mobilisé tous les acteurs de terrain qui pouvaient œuvrer au quotidien pour favoriser des comportements plus sains : maires, infirmières scolaires, animateurs périscolaires, encadrants des cantines, centres sociaux, associations… Les différentes actions ont été co-construites localement et mises en œuvre après des tests en conditions réelles et la formation des personnes impliquées. Ateliers et supports pédagogiques étaient axés sur l’alimentation, la pratique d’activités physiques, le sommeil et un environnement stimulant l’intégration des bonnes pratiques. Les enfants en surpoids ou obèses scolarisés en primaire, dont près de 60 % en ZEP, ont ainsi bénéficié du programme VIF durant 4 années.

Une étude longitudinale*, réalisée dans quatre de ces villes auprès de 827 enfants en surpoids, pesés et mesurés deux fois à 4 ans d’intervalle, a cherché à savoir si les trois grandes thématiques de ce programme innovant (cantine, rythmes/portions alimentaires, activité physique) avaient porté leurs fruits. Les résultats mettent en évidence une amélioration du statut pondéral chez 50 % des enfants en surpoids/obèses : en 2011 ils étaient 20 % et 4 ans plus tard 16 %. Sur les 85 enfants améliorés, 66 % sont passés de surpoids à poids normal et 19 enfants d’obésité à surpoids. Conclusion du Pr Bernard Guy-Grand, ancien chef du service de nutrition de l’Hôtel-Dieu (Paris) : « Cette étude montre que les actions locales de proximité, fondées sur l’expérience et non sur la connaissance, sont à développer en périscolaire. Les écarts de résultats obtenus entre les 4 villes (de 38 % à 68,4 %) indiquent aussi que le nombre d’actions auxquelles les enfants participent et le nombre d’encadrants formés au programme VIF sont essentiels. »

* Parue en juillet 2020 dans la revue internationale BMC (BioMed Central) Public Health.

Evelyne Gogien

Source : Le Quotidien du Pharmacien