Menée auprès de plus de 2 000 nouvelles recrues de la marine américaine (principalement des hommes), âgées de 18 à 20 ans, l’étude a comparé les taux d’infection au sein d'un groupe séropositif et d'un autre séronégatif. Après une évaluation de leur séropositivité, tous ont été isolés pendant deux semaines à leur arrivée sur une base militaire avant de commencer leur formation et ont été soumis à trois tests PCR pendant la période de quarantaine. Le suivi s’est prolongé pendant 6 semaines après la mise en isolement.
Au total, près de la moitié des recrues (45 %) ont été infectées au cours de l'étude. Parmi les 189 participants séropositifs avant la quarantaine, 19 (10 %) ont eu au moins un test PCR positif au cours des 6 semaines de suivi. Chez les séronégatifs, 1 079 (48 %) des 2 247 participants ont été testés positifs. « La présence d'anticorps contre le SARS-CoV-2 conférait un taux d'incidence de l'infection réduit de 82 % », soulignent les auteurs. Le risque d’infection était ainsi cinq fois plus élevé chez les séronégatifs.
La plupart des cas de Covid-19 étaient asymptomatiques ou paucisymptomatiques : 84 % (16 sur 19) dans le groupe séropositif vs 68 % (732 sur 1 079) dans le groupe séronégatif. « Le pourcentage d'infections symptomatiques chez les participants séropositifs était de moitié par rapport à ceux qui étaient séronégatifs, mais la différence n'était pas statistiquement significative », relèvent les auteurs, indiquant que la durée de l’infection était plus longue parmi les séronégatifs.
Les niveaux d’anticorps des participants séropositifs, réinfectés ou non, ont également été analysés. Parmi eux, les anticorps neutralisants étaient moins fréquents chez les réinfectés : ils étaient détectés chez 83 % des non-réinfectés mais que chez 32 % des réinfectés au cours des six semaines d'observation.
Une charge virale en moyenne 10 fois plus faible
Par ailleurs, la charge virale des cas réinfectés était en moyenne 10 fois plus faible que chez les participants séronégatifs infectés. Néanmoins, « cette découverte suggère que certains individus réinfectés pourraient avoir une capacité similaire à transmettre l'infection que ceux qui sont infectés pour la première fois », avertissent les auteurs.
« Malgré une infection antérieure au Covid-19, les jeunes peuvent à nouveau attraper le virus et peuvent encore le transmettre à d'autres. C'est un point important à connaître et à retenir alors que le déploiement des vaccins se poursuit. Les jeunes devraient se faire vacciner chaque fois que possible, car la vaccination est nécessaire pour stimuler les réponses immunitaires, prévenir la réinfection et réduire la transmission », alerte le Pr Stuart Sealfon, neurologue à l’École de médecine Mount Sinai et auteur principal de l’étude.
Des études supplémentaires sont nécessaires, selon les auteurs. Évaluer le risque de réinfection est en effet essentiel pour estimer le niveau d’immunité collective nécessaire et orienter les stratégies de vaccination. Pour documenter les cas de réinfection, l’université d’Oxford a lancé ce 19 avril un essai « challenge » où des volontaires ayant déjà eu le Covid-19 vont être de nouveau infectés. L’objectif est double : examiner le type de réponse immunitaire empêchant une réinfection et les réactions du système immunitaire à une seconde infection.