Comment, vous pharmacien d’officine, percevez-vous la pharmacie clinique ? C’est la question posée il y a quelques mois à un petit échantillon de titulaires en région Rhône-Alpes.
Ce travail, réalisé dans le cadre d’une thèse d’exercice, rapporte des résultats assez tranchés. La pharmacie clinique est perçue comme une discipline déconnectée de l’activité officinale, peu pertinente dans les missions actuelles, chronophage et enfin de faible rentabilité. Ces conclusions traduisent bien la difficulté de cette discipline, considérée comme essentiellement hospitalière, à émerger en ville.
Et pourtant, depuis quelques années, la Société française de pharmacie clinique met en œuvre différentes actions pour intégrer cette pratique à l’activité officinale. Mais difficile pour cette discipline de lutter contre la concurrence des nouvelles activités de la ville, comme la vaccination, les entretiens pharmaceutiques ou encore les bilans de médication.
Une bonne surprise
Pour Jean-Didier Bardet, pharmacien adjoint, maître de conférences et coauteur de cette étude, les résultats sont quand même « une bonne surprise ». Car cette première publication* sur le sujet permet de réfléchir à des pistes de travail pour la profession.
Par exemple, le sentiment partagé par de nombreux pharmaciens d’une discipline « au lit du malade » doit évoluer. La pharmacie clinique est avant tout une activité centrée sur le patient, son traitement et son environnement. D’autre part, l’acte de dispensation, véritable ADN du pharmacien d’officine, doit être intégré totalement à la pharmacie clinique pour avoir un véritable sens. Enfin, les nouvelles activités de la pharmacie de ville devront faire émerger une évolution du métier vers une spécialisation en soins pharmaceutiques, partie intégrante de la pharmacie clinique.
En revanche, un point sur lequel la ville et l’hôpital sont d’accord est l’absence de valorisation de cette discipline pour pouvoir la développer. Car la pharmacie clinique, pour être mise en œuvre et appliquée au quotidien, nécessite des moyens pharmaceutiques. Or, aujourd’hui, cette reconnaissance n’est pas d’actualité, contrairement aux nouvelles missions accordées à la ville.
Voilà peut-être un vrai sujet qui permettrait le développement de cette discipline et de l’indispensable lien ville-hôpital.
*Lien publication : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2211104220300898…