Les patients ont été inclus entre le 22 mars et le 10 avril par des médecins de 18 hôpitaux de France, d'Italie, d'Espagne, de Belgique et de Suisse. Moins de 10 % d'entre eux ont dû être hospitalisés, et tous présentaient une infection Covid-19 confirmée par RT-PCR de forme légère à modérée, ne requérant pas de soins intensifs.
Parmi l'ensemble des patients, 67,7 % des patients étaient des femmes, 30,7 % des professionnels de santé, 85,7 % des non-fumeurs et 91,4 % étaient d'ethnie européenne/caucasienne. L'âge moyen était de 39,17 ± 12,09 ans.
Les données ont été recueillies par le biais d'un questionnaire standardisé. La durée moyenne des symptômes observée chez les 264 patients guéris au moment de l'analyse était de 11,5 ± 5,7 jours.
Les symptômes les plus fréquemment observés étaient : céphalées (70,3 %), perte de l'odorat (70,2 %), obstruction nasale (67,8 %), toux (63,2 %), asthénie (63,3 %), myalgies (62,5 %), rhinorrhée (60,1 %), perte de goût (54,2 %) et maux de gorge (52,9 %). Seulement 45,4 % des patients ont rapporté de la fièvre. D'autres symptômes, tels qu'une conjonctivite, une réduction de l'acuité visuelle et une éruption cutanée, ont également été signalés, mais concernaient un faible nombre de patients.
Plus de perte d'odorat chez les femmes et les plus jeunes
Les patients ont été classés en trois catégories d'âge : 15-39 ans (n = 793), 40-59 ans (n = 551) et les plus de 60 ans (n = 76). Les patients les plus jeunes (15-39 ans) avaient davantage tendance à rapporter une perte d'odorat, une obstruction nasale, une rhinorrhée, une douleur faciale, des céphalées ou des maux de gorge, tandis que les personnes plus âgées (plus de 60 ans) présentaient plus fréquemment de la fièvre, de la fatigue, une perte d'appétit et de la diarrhée.
Par ailleurs, les femmes souffraient plus de perte d'odorat, de céphalées, d'obstruction nasale, de maux de gorge et de fatigue que les hommes qui rapportaient plus fréquemment toux et fièvre.
La perte d'odeur était donc significativement influencée par le sexe et l'âge des patients, et la durée moyenne de ce trouble était de 8,41 ± 5,05 jours.
La perte de goût (dysgueusie) était également davantage présente chez les femmes et les jeunes patients, mais n'est pas nécessairement associée à la perte d'odorat. En effet, la dysgueusie était présente chez 23,4 % des patients sans perte de l'odorat, et 30,2 % des patients présentaient une perte de l'odorat mais pas une perte du goût.
Un tableau clinique différent en Asie
Les auteurs de l'étude ont également constaté que la rhinite allergique était la comorbidité la plus fréquente (13,4 % des patients), suivie de l'hypertension (9,2 %), du reflux gastro-œsophagien (6,9 %) et de l'asthme (6,5 %).
Ce tableau clinique décrit chez les Européens diffère de celui observé en Asie. « Selon des études récentes, l'infection Covid-19 de patients hospitalisés et non hospitalisés en Asie était principalement associée à de la fièvre, de la toux, de la dyspnée et de la fatigue », indiquent les auteurs. Ces derniers estiment que les différences observées pourraient être liées à des mutations du virus, notamment en ce qui concerne les troubles olfactifs et gustatifs, ou bien au polymorphisme de l'enzyme de conversion de l'angiotensine 2 (ACE2), porte d'entrée du SARS-CoV-2 dans l'organisme.
L'étude du « Journal of Internal Medicine » complète les données d'une étude préliminaire portant sur 417 patients dévoilée début avril et qui avait notamment montré que les troubles de l'odorat pouvaient survenir avant l'apparition des symptômes généraux et ORL (dans 12 % des cas), pendant (65 %) ou bien après (23 %).