Les principales revues pharmaceutiques allemandes ont consacré plusieurs articles à ce qu’elles ont joliment nommé la « pandémimique », en interrogeant des orthophonistes et des psychologues : ceux-ci rappellent que le déficit de compréhension lié au masque est loin de ne concerner que les personnes malentendantes, qui ne peuvent plus compenser leur mauvaise audition en lisant sur les lèvres. Les associations de malentendants incitent d’ailleurs leurs interlocuteurs à porter des masques transparents.
Le visage est la partie la plus expressive du corps, mais certaines émotions comme la joie ou l’amusement sont surtout transmises par le regard, tandis que la douleur, la colère ou le dégoût s’expriment plutôt par la bouche. En étant masqué, on perd une grande part de son expressivité, qu’il faut tenter de compenser par d’autres mimiques ou par des gestes. De même, les propos ironiques sont souvent atténués ou renforcés par un sourire ou une grimace : leur second degré sera caché par le masque, au point qu’il vaut parfois mieux éviter ce type de remarque pour prévenir tout malentendu.
Conseils pratiques
Les professionnels du langage incitent les pharmaciens à tenir compte de ces aspects lors de leurs échanges avec les patients. Dans son dernier numéro, le « Forum des préparateurs », publié par l’association des pharmaciens allemands, fourmille de conseils pratiques pour faciliter les échanges au comptoir. Les équipes sont incitées à bien regarder et observer les patients, car la vue et le regard seront encore plus importants que d’ordinaire. Accentuer les mimiques visuelles peut compenser les mouvements invisibles de la bouche, et « sourire par le regard » s’apprend.
Il importe ensuite de mieux se faire entendre, poursuit la revue. Les équipes devraient se mettre devant un miroir et réciter intelligiblement des phrases exigeant une bonne articulation, équivalentes à notre célèbre « les chaussettes de l’archiduchesse sont-elles sèches et archisèches ».
On doit aussi bien ouvrir la bouche en parlant : pour bien prononcer un « A », il faudrait laisser la largeur d’un pouce entre les deux mâchoires. Cela permet de parler plus fort et sans difficultés. Le fait que les lèvres touchent souvent le masque pendant la conversation témoigne d’une articulation correcte.
Enfin, il existe des dispositifs qui peuvent atténuer les effets des écrans de plexiglas sur la compréhension, comme des petits amplificateurs qui peuvent même être directement connectés depuis le comptoir aux appareils auditifs des patients.