Si l'importance de la charge virale a été mise en avant dans la gravité de la maladie, c'est la première fois qu'elle est évaluée de façon aussi précise, notamment pour ce qui est de l'association entre caractéristiques du patient, cinétique virale et survie.
Pour l'équipe, si la charge virale n'est certes pas le seul déterminant de l'évolution vers une forme grave, « il est nécessaire de prendre aussi en compte ces aspects virologiques dans la prise en charge et l’accompagnement des patients hospitalisés », est-il indiqué dans un communiqué. Ces résultats apportent du crédit à l'approche antivirale, même si aucune molécule, telle que le remdesivir ou l'hydroxychloroquine, n'est parvenue à apporter de preuves d'efficacité sur la baisse de mortalité, notamment dans l'essai Solidarity de l'OMS.
Cohorte French Covid
Pour répondre à ce questionnement, l'équipe menée par le chercheur INSERM Jérémie Guedj au sein du laboratoire IAME (Infection, Antimicrobials, Modelling, Evolution) a analysé les données biologiques de 655 patients hospitalisés pour une infection par le SARS-CoV-2, inclus dans la cohorte French Covid. Puis les chercheurs ont construit un modèle mathématique basé sur la dynamique virale et la survie.
Il en ressort que le pic viral survient un jour après le début des symptômes en moyenne et que le déclin de la charge virale après est plus lent chez les sujets plus âgés. La dynamique de la charge virale après l'hospitalisation est un facteur de risque indépendant de mortalité, « suggérant qu'un portage viral prolongé de quantités élevées de virus est associé à un mauvais pronostic dans cette population », écrivent les auteurs. Les scientifiques confirment par ailleurs les facteurs de risque tels que l'âge > 65 ans, le sexe masculin et la présence d'une maladie pulmonaire chronique (risque doublé).
Aller vers de puissants antiviraux
Selon leur modélisation, un traitement capable de réduire la production virale de 90 % dès l'admission pourrait réduire le délai vers la clairance virale de 2,0 et 2,9 jours, respectivement chez les sujets âgés de < 65 ans et de ≥ 65 ans. Ce résultat pourrait se traduire par une réduction de la mortalité de 19 à 14 % chez les patients âgés de ≥ 65 ans avec facteurs de risque.
Ces travaux soulignent la nécessité de poursuivre les recherches sur la mise au point de traitements antiviraux, plus puissants que ceux testés jusque-là.