Entre 2014 et 2022, près de 33 000 décès liés à la chaleur ont été enregistrés en France, représentant annuellement 1 000 à 7 000 décès selon le contexte météorologique, estime une nouvelle étude de Santé publique France (SPF). Cet impact « très important » de la chaleur sur la mortalité « concerne les périodes de canicules, mais également tous les autres jours où la population est exposée à de fortes chaleurs », souligne Guillaume Boulanger, responsable d’unité à la Direction santé environnement travail de SPF. Ces estimations ont été obtenues grâce à un nouvel outil de modélisation « complexe » et « très innovant », explique SPF. Ce modèle permet une analyse croisée de l'évolution des températures et de la mortalité spécifique à la chaleur en la distinguant de la mortalité associée à d'autres causes (comme le Covid, par exemple).
Un tiers des décès chez les moins de 75 ans
Selon cette analyse, sur la période 2014-2022, 28 % des décès ont été recensés pendant les canicules, alors que ces périodes (au moins trois jours avec des températures moyennes maximales et minimales au-dessus des normales) ne représentent que 6 % des jours étudiés. « Les impacts les plus importants ont été observés en 2022 (près de 7 000 décès en excès dont 29 % pendant les canicules), et 2019 (près de 4 500 décès en excès dont 42 % pendant les canicules) avec une hétérogénéité selon les territoires », est-il détaillé. Les canicules ne sont ainsi « pas le seul risque », insiste Guillaume Boulanger.
Par ailleurs, sur les 33 000 décès attribués à la chaleur de 2014 à 2022, 23 000 concernaient des personnes âgées de 75 ans et plus. « Il est à noter qu’une part importante (un tiers) concerne des personnes de moins de 75 ans », est-il relevé. « L'exposition à la chaleur engendre des décès au sein de toute la population », poursuit Guillaume Boulanger. Ces nouvelles estimations viennent compléter les bilans canicule qui estiment l’excès de décès toutes causes durant les périodes de canicule.
SPF va lancer cette année une campagne de prévention renforcée auprès de la population avec un nouveau dispositif de promotion de la santé. L’objectif est de « favoriser l’adoption de comportements favorables à la santé en lien avec la chaleur dans le quotidien et non uniquement en période de canicule », est-il expliqué.
Des conseils pratiques pour les populations particulièrement exposées à la chaleur (en lien avec le logement ou une activité sportive) seront diffusés. En période de canicule, ce dispositif sera accompagné d’une mobilisation sur les réseaux sociaux avec des messages adaptés à la population visée et des espaces seront réquisitionnés sur les chaînes TV et stations radio.
Cette prévention doit être complétée « par une stratégie d’atténuation et d’adaptation au changement climatique », insiste SPF, qui rappelle les pistes pour soutenir les actions de prévention des communes. À savoir la protection des scolaires, des sans-abri et des personnes vulnérables (via les registres municipaux qui identifient les personnes âgées et/ou handicapées à des fins d’alerte et de protection), mais aussi l’adaptation des villes à la chaleur (végétalisation, revêtement absorbant peu de chaleur, jets d’eau, plan d’eau).