Il a commencé le basket « parce qu'il n'y avait pas de foot à Ardres, que le terrain de basket était sur le champ de foire, qu'[il] n'avait que la rue à traverser », face à la pharmacie de ses parents. C'est ainsi que Jean Dannel, pharmacien à Ardres (Pas-de-Calais), est entré au club de la ville, en septembre… 1968 ! Plus de cinquante ans après, après avoir joué près de vingt ans, entraîné autant d'années, avoir été secrétaire du comité vingt-huit ans – son frère médecin étant président —, il est toujours au comité. Il est surtout l'artisan du Tournoi international Henri Seux, qui réunit chaque Pentecôte des équipes d'enfants venus de tous les continents.
Ardres est une ville de 4 400 habitants, dans le Calaisis. Son tournoi est à peine imaginable : il s'adresse, depuis trente-huit ans, à des jeunes joueurs de 11 et 12 ans, les U13. En 2019, il a réuni onze équipes françaises, dont quatre d'outre-mer, et treize équipes : Grande-Bretagne, Belgique, Côte d'Ivoire, Espagne, Grèce (vainqueurs cette année-là), Irlande, Lituanie, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne, Slovénie (2 équipes), et Suisse.
« Le Basket Club Ardres (BCA) a été une amicale laïque, liée à la Ligue de l'enseignement (UFOLEP), et les dirigeants du club ont fait le choix, en 1973, d'une ambition sportive, et adhéré à la Fédération. J'avais alors 16 ans », se rappelle Jean Dannel. Henri Seux, « mon oncle Henri », comme tout le monde l'appelait, était un dirigeant et son nom a été retenu spontanément quand il a été question de nommer un tournoi.
L'âme du tournoi
Le Tournoi international Henri Seux (TIHS) a été lancé en 1983. Jean Dannel avait terminé ses études, son service national, était co-titulaire de l'officine avec sa mère, depuis la mort de son père. Il est devenu l'âme du tournoi « pour rendre ce qu'on lui avait donné ». Le tournoi a réuni huit équipes la première année, deux de Ardres, et six de pays européens. Les participants ont eu la volonté d'accueillir chaque année un nouveau pays. Chacune des vingt-quatre délégations, en 2019, comprenait une quinzaine de personnes.
« Depuis 1983, il a été convenu que les équipes se déplacent, et nous les accueillons. » Jean Dannel va ainsi attendre des équipes à l'aéroport. Il reçoit chez lui les dirigeants des délégations. Pendant trois jours, un peu avant et un peu après, c'est toute la ville qui accueille. Des familles hébergent et nourrissent des joueurs ; une famille a même reçu toute la délégation ivoirienne, petits-déjeuners et repas du soir. « C'est notre ducasse* », disent les Ardrésiens.
Le TIHS est accompagné de défilés : les équipes derrière leur bannière, des groupes de musique. En 2000, deux mille basketteurs ont défilé en maillot dans la ville. Le tournoi est préparé tout au long de l'année par une dizaine de personnes autour de Jean Dannel, mais soixante à cent bénévoles sont mobilisés pendant la fête.
L'esprit d'équipe
Le tournoi reste un événement sportif, organisé en poules (six de quatre équipes), puis « écrémage » le dimanche et le lundi. Il y a même un match « All star game », une sélection avec un joueur de chaque équipe. « C'est une compétition, précise Jean Dannel, mais on annonce les résultats en commençant par le dernier, tous sont cités. Et chaque joueur repart avec un maillot. »
Les deux enfants du confrère « sont tombés dedans petits ». L'un a trouvé neuf copains pour convaincre son père de faire une équipe ! Le second, trisomique, joue en sport adapté. Le BCA compte 260 licenciés, dix-sept équipes, dont une évolue en national, et cinq en régional. Le club a aussi une équipe loisir, pour les plus de cinquante ans. Le BCA dispose de trois salles en ville ; il avait démarré après la guerre avec deux panneaux de basket dans la cour de l'école.
« Le sport co (collectif), c'est l'école de la vie, reprend Jean Dannel. On mélange tout le monde : ouvriers, instituteurs, professions libérales. Le basket demande un esprit d'équipe. »
* Dans le Nord, c'est une fête populaire, une kermesse, qui dure plusieurs jours, et même plusieurs semaines.