Cet avertissement a d'abord pris la forme d'une « expression of concern ». « The Lancet » souhaitait ainsi « alerter les lecteurs sur le fait que de sérieuses questions scientifiques ont été portées à (son) attention » au sujet de cette étude, indiquait la revue, avant que 3 de ses 4 auteurs se rétractent. « Nous ne pouvons plus nous porter garants de la véracité des sources des données primaires », écrivent les 3 auteurs au « Lancet », mettant en cause le refus de la société les ayant collectées, Surgisphere, de donner accès à la base de données.
L’étude en cause avait conduit dans le monde entier à l'interruption d'essais cliniques sur l'hydroxychloroquine, car elle concluait que ce médicament n'était pas bénéfique aux malades du Covid-19 hospitalisés et pouvait même être néfaste. En France, ces conclusions avaient amené le ministre de la Santé, Olivier Véran, à interdire la prescription d'hydroxychloroquine dans le cadre de traitements contre Covid-19. L'OMS a finalement annoncé la reprise des essais cliniques et l'étude européenne Discovery envisage de faire de même.
Dans la foulée de sa parution, de nombreux chercheurs avaient exprimé leurs doutes sur l'étude, y compris des scientifiques sceptiques sur l'intérêt de l'hydroxychloroquine contre le Covid-19. Dans une lettre ouverte publiée le 28 mai, des dizaines de scientifiques du monde entier soulignaient que l'examen minutieux de l'étude du « Lancet » soulevait « à la fois des inquiétudes liées à la méthodologie et à l'intégrité des données ». Ces données émanent de Surgisphere, qui se présente comme une société d'analyse de données de santé, basée aux États-Unis.
L'étude a également été attaquée avec virulence par les défenseurs de l'hydroxychloroquine, au premier rang desquels le Pr Didier Raoult, directeur de l'Institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille (IHU). Après avoir déjà qualifié l'étude de « foireuse », il a estimé qu'elle avait été réalisée par des « pieds nickelés », dans une vidéo mise en ligne mardi dernier.
Après la rétractation de 3 de ses 4 auteurs, qui ont présenté « leurs plus profondes excuses », l'étude est définitivement enterrée.