Depuis plusieurs années, la profession est confrontée à l'augmentation du nombre de fausses prescriptions. Un fléau alimenté par des réseaux de trafiquants, qui falsifient des ordonnances pour obtenir à bas prix des médicaments coûteux afin de les revendre sous le manteau ou à l'étranger.
Des trafics qui mettent en péril la santé des Français, puisque l'absence de supervision médicale appropriée, associée aux mauvaises conditions de transport et de stockage altèrent souvent les principes actifs de ces médicaments, les rendants inefficaces voire dangereux. De plus, ces trafics entraînent des pertes financières considérables pour le système de santé.
Une IA assistante du pharmacien
Développé en 2019, le logiciel Phealing consiste en une IA entraînée par machine learning (apprentissage automatique). L'application s'interface entre le lecteur de carte Vitale, la douchette à médicaments et le scanner de l’ordonnance, puis extrait l'ensemble des informations de cette dernière (prescripteur, patient, médicaments, dosage, galénique, posologie et durée de traitement…).
Puis, l'IA compare ces informations avec celles contenues dans les bases de données de l'assurance-maladie pour vérifier si l'ordonnance est cohérente, en prenant en compte les caractéristiques du patient et des spécialités prescrites (produits adaptés aux besoins, posologie, durée du traitement…). Elle peut aussi, via la douchette, vérifier si le pharmacien fournit bien les médicaments mentionnés sur l'ordonnance.
Repérer les cas suspects.
De plus, le logiciel peut contrôler tout ce qui a trait à l'ordonnance elle-même : le prescripteur existe-t-il vraiment ? A-t-il le droit de prescrire ces médicaments ? La signature est-elle authentique ? La calligraphie est-elle bonne ? Quid des fautes d'orthographe ? Autant d'éléments susceptibles d'éveiller des soupçons que l'IA peut détecter. Phealing croise ensuite son analyse avec les signalements de faux et d'usurpation, pour finalement signaler au pharmacien l'authenticité, ou non, de l'ordonnance. Tout cela à la vitesse de l'informatique. Car si les pharmaciens sont en première ligne de la lutte contre ces trafics, les moyens et surtout, le temps, leur manque. « Si le double contrôle des ordonnances est en théorie réalisé en fin de journée, en réalité, les pharmaciens en ont rarement le temps », constate Thibault Ozenne, directeur et fondateur de Phealing.
Si Phealing fonctionne déjà, « nous ne disposons pas de système d'information permettant de nationaliser tous les signalements de falsification. Le fonctionnement est disparate d’une région à une autre », explique Thibault Ozenne. « Nous travaillons avec les ARS, les DNS et l'Ordre pour que leurs signalements soient intégrés dans notre système d’information (Phealing) et vice-versa .» Ce qui permettrait à Phealing, à terme, de couvrir l'ensemble des signalements au niveau national.
Cohabiter avec l'e-prescription
Phealing sera-t-il encore pertinent avec l'arrivée de la e-prescription, censée régler le problème des fausses ordonnances ? « L'e-prescription sera totalement déployée dans 24 à 36 mois. Ces derniers temps, on constate une augmentation de fausses ordonnances par QR-code ou via la télémedecine, donc je ne pense pas que l'e-prescription réglera tous les problèmes. Les fausses ordonnances seront encore nombreuses dans les années à venir », prédit Thibault Ozenne.
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