Quel est l’objectif du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) ?
Le PLFSS 2013 s’inscrit dans une stratégie de redressement des comptes de la Sécurité sociale et de maintien d’un haut niveau de protection sociale de nos concitoyens, sans qu’ils aient à payer plus. C’est cette volonté de concilier réalisme économique et justice sociale qui fait de ce cru, un véritable PLFSS de protection. L’objectif est en effet de rétablir l’équilibre de la Sécurité sociale, mais de façon juste et concertée, car l’équilibre des comptes sociaux ne saurait être une fin en soi ! Fort de la loi de finances rectificative d’août 2012, qui a permis d’engranger 5,2 milliards d’euros de ressources nouvelles en année pleine, le déficit du régime général et du fonds de solidarité vieillesse (FSV) a pu être réduit à 17,4 milliards d’euros au lieu des 19,9 milliards annoncés. Et, pour 2013, nous poursuivrons dans cette même voie, conformément aux engagements du président de la République. Le déficit du régime général est ainsi prévu à hauteur de 11,4 milliards d’euros et celui du FSV à 2,6 milliards d’euros. Soit 3,5 milliards euros de mieux par rapport à 2012 et 7 milliards d’euros de moins qu’en 2011.
Plus précisément, en quoi consisteront les dépenses ?
Dans le même temps, la progression de l’ONDAM est fixée à + 2,7 % en 2013 afin d’investir pour l’avenir. L’hôpital public sera donc réhabilité dans ses missions de service public et des moyens supplémentaires seront consacrés à l’investissement hospitalier. De même, Les moyens dédiés à la prise en charge des personnes âgées et handicapées progresseront de 4 % et un parcours de soins décloisonné pour les personnes âgées sera expérimenté. Les exploitants agricoles bénéficieront également d’indemnités journalières en cas de maladie ou d’accident de la vie privée. Et ceux qui ont dû cesser leur activité en raison d’une maladie ou d’une infirmité obtiendront des points gratuits de retraite proportionnelle. Quant aux victimes d’accidents du travail ou de maladies professionnelles ayant besoin d’une aide humaine pour accomplir les actes de la vie quotidienne, elles bénéficieront d’une prestation calculée selon leurs besoins réels. Enfin, l’accès à l’IVG sera amélioré par une prise en charge à 100 % et une revalorisation des tarifs. En clair, ce PLFSS se veut de protection, en particulier pour les classes moyennes et les personnes vulnérables.
Comment comptez-vous financer cette politique ?
Nous entendons mettre en place des mesures de justices qui, à l’instar des travailleurs indépendants ou encore des élus locaux, visent à faire contribuer chacun en fonction de ses moyens. Nous entendons, en outre, faire porter les mesures d’économies sur l’efficience des soins. En 2013, quelque 876 millions d’euros d’économies seront ainsi réalisés sur les produits de santé. Des mesures visant à mettre sur pied une politique du médicament volontaire, en matière de santé publique, seront mises en place. En outre, les prix des molécules au sein d’une même classe thérapeutique seront mis en cohérence et les prix des génériques seront baissés de façon à se conformer à la moyenne européenne. Enfin, une maîtrise des prescriptions et une amélioration des pratiques seront suscitées afin de faire évoluer le bon usage des médicaments et de lutter contre leur iatrogénie. Le tout pour environs 225 millions d’euros. Au final, les mesures d’économies sur les soins de villes représenteront environ 1,76 milliard d’euros.
Comment préserver le maillage officinal et maîtriser la consommation de médicaments ?
La maîtrise de la consommation de médicaments est indispensable car trop importante en France. Pour la réduire, toute une série de mesures touchant différents acteurs peuvent être mises en place. À titre d’exemples, je citerai les patients qui doivent bénéficier d’une meilleure éducation à la santé ou encore les prescripteurs qui doivent continuellement se former. Mais je vous invite à relire le rapport que j’ai rédigé en 2008 - « Médicaments : prescrire moins, consommer mieux » - qui les détaille toutes… Il est évident que cette réduction des volumes de médicaments dispensés ne sera pas sans effet sur les pharmacies d’officines. Mais la convention qui a été signée entre l’assurance-maladie et les syndicats représentatifs de la profession doit permettre de prendre ce virage car, à l’heure actuelle, il n’y a pas de raison de remettre en cause la répartition démo-géographique.
L’élargissement du répertoire des génériques est-il encore d’actualité ?
À ce jour, une réflexion est en cours à ce sujet. Mais il est trop tôt pour avancer quelques éléments. Nous verrons comment en décliner les conclusions dans le PLFSS 2013.
Êtes-vous favorable à la suppression de la marge grossiste an cas d’achat/vente directs ?
Je ne pense pas qu’il faille être aussi catégorique. Je m’interroge toutefois sur l’opportunité de conserver une marge, qui est normalement dévolue aux répartiteurs, dès lors que le pharmacien achète directement auprès du laboratoire pharmaceutique.
Comment envisagez-vous de conjuguer réduction des dépenses et préservation de l’emploi dans l’industrie pharmaceutique ?
La question de l’emploi est centrale dans le contexte actuel. Les mesures d’économies ne visent donc pas à supprimer des postes mais à avoir une politique du médicament cohérente et en adéquation avec des objectifs de santé publique. Il ne faut pas, par ailleurs, oublier que les plans sociaux qui affectent aujourd’hui les industries de santé, résultent avant tout d’un changement de modèle économique qui n’a pas forcément été anticipé. Il est évident, par exemple, que la disparition progressive des blockbusters, entraînera une réduction des forces de vente. Quant à la recherche et à la production, il est évident que la France doit rester un pays d’excellence en la matière. Il n’en demeure pas moins que l’innovation thérapeutique est en panne et que nous assistons à une réorientation progressive vers les biotechnologies. L’industrie pharmaceutique est donc amenée à évoluer. Et dans cette perspective, l’amélioration des dispositifs entourant les médicaments et leur usage m’apparaît comme une évolution positive.
Entendez-vous généraliser la visite médicale collective ?
Une expérimentation est actuellement cours sur la visite médicale collective à l’hôpital. Or les premiers éléments obtenus tendent à démontrer que cette expérimentation n’est pas efficiente. Le gouvernement souhaite donc modifier ce dispositif avant de le généraliser.
Qu’entendez-vous modifier à la loi médicament qui a été votée l’année dernière et que vous jugez imparfaite ?
Dans un premier temps, il convient d’attendre que tous les décrets que Xavier Bertrand a volontairement omis de sortir avant la fin de son mandat à la tête du ministère de la Santé soient parus. Il faudra ensuite faire un bilan de la loi et, à partir de là, voir quelles mesures correctives y apporter.
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