LA PROPOSITION de loi sur l’accès aux soins du député Philippe Vigier (Nouveau Centre) sera débattue à partir d’aujourd’hui à l’Assemblée nationale. Toutefois, c’est une version largement remaniée par la commission des Affaires sociales que les députés auront entre les mains. Les mesures jugées contraignantes pour l’installation des médecins ont effet été écartées. Afin de lutter contre les déserts médicaux, le texte initial prévoyait notamment un an de stage obligatoire dans une maison de santé ou dans un hôpital en zone déficitaire pour les étudiants en troisième année d’internat et trois ans d’exercice obligatoire en zone déficitaire pour tout médecin après sa formation. Mais tout cela n’y figure plus. Exit, donc, les dispositions « coercitives » contre lesquelles les syndicats médicaux étaient fortement montés au créneau.
Quoi qu’il en soit, il faudra bien trouver des solutions. Car la disparition des médecins dans les campagnes n’est pas sans conséquence pour les patients. Mais aussi pour les officines dont l’absence de prescripteurs pèse lourdement sur l’économie des entreprises. Selon l’Association de pharmacie rurale (APR), qui a adressé récemment des propositions au ministre de la Santé (« le Quotidien » du 15 décembre), pas moins de 20 % des 9 000 officines rurales devraient être confrontées à ce phénomène de désertification médicale dans les cinq ans à venir. Guy Pocobello, du cabinet de recrutement en professionnels de santé Medirama, estime que ces pharmaciens sont victimes de la double peine. D’abord, il y a une perte du chiffre d’affaires après le départ du dernier prescripteur, explique-t-il en substance. Ensuite, plus grave, on assiste à une chute du prix de cession. Autrement dit, l’officine ne vaut plus rien et devient invendable. Le cabinet de Guy Pocobello tente de trouver la parade, en signant des conventions d’installation d’un médecin avec le maire et le pharmacien d’un village. En pratique, le cabinet s’occupe de recruter un prescripteur, tandis que le maire et le pharmacien prennent en charge les honoraires du cabinet (la moitié chacun), qui peuvent atteindre 12 000 euros. Une première convention de ce type vient d’être paraphée dans une commune du Puy-de-Dôme. Le nouveau prescripteur devrait même commencer à ausculter des patients d’ici au mois d’avril.
Autre solution pour lutter contre les déserts médicaux, la télémédecine, comme l’assure Michel Rioli, directeur général de E-Santé Technology, qui a déjà testé l’idée dans une officine des Pays-de-Loire dans le cadre d’un réseau de coopération de professionnels de santé. Mais, pour lui, il faudrait passer à une phase d’expérimentation à plus grande échelle, à l’image de la Suisse où 200 pharmacies vont pouvoir pratiquer la télémédecine dans les prochains mois. Pourquoi la France hésite-t-elle encore à se lancer dans l’aventure ? « Parce que de telles coopérations interdisciplinaires se heurtent aujourd’hui au problème de la facturation des actes », affirme Michel Rioli. Qu’à cela ne tienne, afin de lever l’obstacle du règlement de la consultation, la société qu’il dirige vient de mettre au point un logiciel permettant de lire la carte Vitale du malade à distance et en toute sécurité. À suivre.
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