La genèse de l’affaire remonte à 2014, époque à laquelle la pharmacie Labarre, située à Nexon, à 30 km au sud ouest de Limoges, dépose une demande de transfert. Son titulaire désire en effet quitter le centre-ville pour s’implanter en périphérie, près d’un supermarché.
L’autorisation étant donnée par le Ministère de la Santé, le 9 décembre 2014, le déménagement s’effectue le 30 novembre 2015 et ce en dépit de l’opposition de l’Ordre et de l’ARS Limousin. Ces deux instances ont en effet émis un avis négatif, évoquant un déséquilibre dans la répartition géographique des officines du secteur. Ces dernières d'ailleurs déposent un recours auprès du tribunal administratif de Limoges, qui donne tort au pharmacien. Ce jugement est confirmé par la Cour d’Appel de Bordeaux.
Ces décisions judiciaires et administratives vont avoir pour conséquences la radiation de Stéphane Labarre de l’Ordre des pharmaciens, l’interdiction de vendre des médicaments bien que l’officine puisse rester ouverte et la fragilisation économique de cette dernière qui emploie sept salariés. Mais elles vont aussi provoquer des manifestations de soutien locales et la création d’un collectif de confrères installés en dehors de Nexon, alliés à des patients, qui rappelle dans ses motivations « toute l’utilité d’une officine dans un milieu rural en partie dépeuplé. » Le 24 mai dernier, 250 manifestants défilaient dans les rues du bourg, tandis qu’une pétition rassemblait quelque 2 000 signatures en faveur d’une officine qui, lors de sa création, avait été présentée comme la première de France connectée via des tablettes et des programmes informatiques spécifiques ouverts à tous. (Investissements 1,2 million d’euros).
Point final ?
Dernier épisode de ce feuilleton, qui agite depuis plusieurs années le microcosme pharmaceutique local, et partage les habitants dans leurs opinions, la présentation par Stéphane Labarre d’un nouveau dossier, plus argumenté, à destination de l’Agence régionale de Santé (ARS). Cette dernière révise son jugement, tenant compte de plusieurs nouveaux paramètres, comme la population des vacanciers, l’extension du bourg, mais aussi l’absence d’officines dans les communes voisines.
L’institution fait donc un virage à 180° et réintègre le pharmacien dans toutes ses prérogatives, permettant ainsi à nouveau le fonctionnement de son commerce. Au-delà de l’information, et de sa finalité, les professionnels se sont posé de bonnes questions, tandis que l’intéressé, satisfait de son sort, (et réinscrit à l’Ordre) préférait rester très discret sur ces résultats.
« C’est une très bonne nouvelle pour le territoire », avance Jean-Baptiste Djebbari, Député (LRem) de la Haute-Vienne, qui a soutenu le dossier, « et un bon exemple de lutte contre la désertification rurale médicale. ». Patrick Texier, membre du collectif, se réjouit également de cette conclusion, dans laquelle il voit « une réponse positive à un problème d’aménagement territorial ».
« C’est une conclusion heureuse pour les salariés comme pour les patients, ajoute-t-il. Toutefois, l’affaire n’est peut-être pas terminée. Sur les quatre opposants, le titulaire de l'autre officine de Nexon a jeté l’éponge mais les trois autres se réservent un temps de réflexion, deux mois, pour faire appel. Reste à savoir sur quels arguments, car l’ARS a accepté cette fois sans aucune réticence l’ensemble du dossier.
Pour Pierre Millet-Lacombe, chef de file des opposants, officinal établi à Ladignac-le-Long, l’heure est à la réflexion : « Nous nous réservons le droit de l’appel, révèle-t-il. La jurisprudence nous donne raison, et nous estimons que les arguments présentés par Stéphane Labarre ne sont pas probants. En fait, le dossier n’a pas changé, la situation est juste retournée, sur des éléments comme la population nomade qui nous paraissent légers. Si nous revenons en justice, ce sera sur le fond. »
Près de 40 % du chiffre d’affaires
Médicaments chers : poids lourds de l’activité officinale
Les concentrations continuent
Hygie 31, Giropharm : grandes manœuvres au sein des groupements
Valorisation et transactions en 2023
La pharmacie, le commerce le plus dynamique de France
Gestion de l’officine
Télédéclarez votre chiffre d’affaires avant le 30 juin