COMPTABILITÉ
LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Lorsque vous intervenez sur la question de la première installation devant des adjoints ou des étudiants, vous évoquez l’apport personnel nécessaire pour finaliser un achat. Les conditions économiques actuelles dans le milieu des officines ont-elles changé la donne sur ce point ?
PHILIPPE BECKER.- Acheter une officine est toujours un investissement lourd. Une récente étude, réalisée par le cabinet ALTARES, fait apparaître un prix moyen des fonds de commerce, toutes activités confondues, proche de 176 000 euros en 2010. Nous sommes loin des chiffres constatés pour les officines qui avoisinent en moyenne 1,3 million d’euros ! De tels prix pour les officines peuvent donner le vertige lorsqu’on envisage sa première installation. Certains acquéreurs peuvent même être découragés, surtout lorsqu’ils découvrent les exigences financières de l’acquisition.
Justement, quelles sont ces conditions financières ?
CHRISTIAN NOUVEL.- Disons que, en partant d’un investissement global, il faut désormais compter sur un apport de 20 à 25 %. Il y a encore quelques années, sur des acquisitions visant des officines particulièrement rentables, on pouvait se limiter à 15 ou 17 %. Aujourd’hui, de tels chiffres ne sont plus d’actualité.
Y a-t-il une différence entre les exigences financières et les exigences bancaires ?
PHILIPPE BECKER.- Les exigences des banquiers sont en général plus dures que les exigences financières. Les exigences financières sont celles qui ressortent d’une analyse du dossier réalisée par un expert-comptable, et qui doit obligatoirement comporter une marge de sécurité. Le banquier, quant à lui, qui a une aversion pour le risque, prend une marge de sécurité supérieure. Mais, aujourd’hui, le changement vient du fait que l’analyse du banquier et l’analyse de l’expert-comptable sont devenues très proches. En effet, il faut bien avouer que les perspectives de croissance des officines sont faibles.
On peut donc en déduire que la croissance permettait de prendre plus de risque avec un apport plus faible ?
CHRISTIAN NOUVEL.- En quelque sorte. Par exemple, la croissance forte de l’activité que l’on a connue au début des années 2000 a joué un rôle d’amortisseur dans bien des montages financiers parfois un peu acrobatiques. Mais depuis quatre ans, il n’est pas rare de constater que le nouvel acquéreur ne réalise pas le chiffre d’affaires du vendeur. En d’autres termes, il faut changer d’amortisseur.
Et, à vous entendre, le nouvel amortisseur, ce sont les fonds propres ! Mais comment faire alors quand on a un salaire d’adjoint pour créer son apport personnel ?
PHILIPPE BECKER.- Sur ce plan, il n’y a pas photo ! Dans la très grande majorité des cas, nous observons que la famille aide le jeune à s’installer, qu’il s’agisse des parents ou des grands parents. Nous voyons aussi des pharmaciens adjoints un peu plus âgés qui revendent un petit appartement, par exemple. Avec la flambée des prix de l’immobilier, cela constitue souvent un bon apport.
Ensuite, il y a les solutions d’union avec l’association, soit avec un autre pharmacien qui va exploiter conjointement, soit dans le cadre d’un parrainage avec un pharmacien investisseur. Ce n’est pas toujours la panacée, mais ne vaut-il pas mieux trouver une ouverture, même imparfaite, que d’attendre un hypothétique gain au loto… ?
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