Formation, titre et statut

Les préparateurs veulent tout changer

Publié le 26/10/2009
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Cela faisait 10 ans que le référentiel de l’activité professionnelle du préparateur n’avait pas évolué. Mais cela pourrait bientôt changer. Car, depuis le 7 octobre, la Commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation professionnelle (CPNE) s’attelle à la réforme du métier de préparateur. Les syndicats d’employeurs et de salariés livrent au « Quotidien » leurs réflexions sur l’avancée des travaux. Une petite révolution est en marche.
Le nouveau préparateur arrive

Le nouveau préparateur arrive
Crédit photo : S. toubon

LE CONSTAT est unanime, à défaut d’être nouveau. La formation du préparateur en pharmacie, son titre et son statut ne correspondent plus à la réalité de son travail en officine. C’est déjà ce qui ressortait de l’enquête nationale lancée en 2004 par la Commission paritaire nationale de l’emploi et la formation professionnelle (CPNE) et l’État. De là à espérer la réforme du métier, il n’y a pas loin. C’est en tout cas l’attente exprimée avec force par l’Aspharcom, une association de préparateurs en pharmacie très en pointe sur la revendication. « Nous demandons une définition claire de notre champ d’activité, explique son président, Francis Liaigre, préparateur en Haute-Savoie. Nous voulons redéfinir ce que l’on peut faire avec ou sans contrôle du pharmacien. Le rôle de chacun doit être clair, les préparateurs ne doivent pas se prendre pour des pharmaciens et ces derniers regretter leurs six années d’étude. »

Sur le site Pharmechange qu’il a également fondé, l’homme a d’ailleurs invité les webs visiteurs à s’exprimer sur l’évolution de leur profession. Les plus impliqués d’entre eux se sont même réunis pour émettre des propositions (voir encadré), soumises sous la forme d’une pétition à l’avis de leurs confrères ; fort de ses 1 300 signatures, Francis Liaigre vient d’envoyer la pétition à Jean-Paul Provost, le président de la CPNE et administrateur de l’UNPF. De son côté, la Commission paritaire n’a pas attendu ce recueil de doléances pour se mettre à la tache. Ainsi, alors qu’elle travaille de longue date sur ce dossier, « La 20e commission professionnelle consultative (CPC) a finalement mandaté un inspecteur général de l’Éducation nationale pour former un groupe de travail*, réuni pour la première fois le 7 octobre dernier », explique Patrick Le Métayer, secrétaire général adjoint de FO pharmacie. Désormais, des rencontres de travail sont prévues tous les mois jusqu’en avril prochain afin d’avancer sur le référentiel activités et la formation de préparateur. « Nous pourrions être prêts à la rentrée 2012 », indique Catherine Hourtiguet, de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).

Formations complémentaires.

Déjà, les syndicats ont proposé un nouveau référentiel (voir encadré) qui précise les activités, missions et compétences auxquelles les préparateurs devraient être formés. Car, aujourd’hui, pour être à un niveau de connaissance actualisé, le préparateur est obligé de suivre des formations complémentaires « le contenu de ces formations devrait intégrer la formation initiale », affirme ainsi Jean-Paul Provost. Son syndicat, l’UNPF, juge en effet trop courte la formation actuelle des préparateurs.

Sa consœur de l’USPO ne dit pas autre chose : « Il faut que les préparateurs soient formés aux génériques, au MAD/HAD, à la gestion et à la maîtrise de l’informatique, à l’information et au suivi thérapeutique des patients… », énumère Catherine Hourtiguet. Des connaissances en orthopédie et pharmacie vétérinaire sont également nécessaires, estime pour sa part Philippe Denry, représentant la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) ; de même que des notions en psychologie et concernant l’approche commerciale ajoute Jean-Paul Provost.

L’USPO et la FSPF restent en outre attachés à l’alternance sous sa forme actuelle et à la formation en CFA, mais ils sont favorables à l’évolution de la durée des études (de 2 à 3 ans) et du niveau du diplôme (du niveau IV à III avec une licence professionnelle ou un diplôme d’État équivalent), comme l’explique Patrick Le Métayer. Quant à l’UNPF, elle souhaite une mise en commun des deux premières années avec d’autres métiers de la santé comme les infirmières, les manipulateurs en radiothérapie ou les préparateurs en pharmacie hospitalière, et une 3e année qui permettrait de choisir sa spécialisation. « Le nombre d’heures de formation découlera des missions attribuées au préparateur dans le référentiel d’activité professionnelle », note Jean-Paul Provost.

Des passerelles.

À l’USPO, comme au sein de la FSPF, on attend d’abord de valider le référentiel métier pour délimiter les compétences que tout préparateur devra acquérir, et, donc, définir quelle sera la formation la mieux adaptée. Quant au tronc commun des deux premières années, il permettrait de créer une passerelle entre professions, mais uniquement avec les préparateurs en pharmacie hospitalière, estiment les deux syndicats. Pour Patrick Le Métayer, « les passerelles concernent aussi les études. Un préparateur diplômé pourrait prétendre à un master 2, puis à un doctorat ».

« Les CFA font un bon travail et l’alternance permet au préparateur de vite découvrir la vie de l’officine. Le nombre d’années d’études sera conditionné par le contenu du référentiel. Reste à savoir à quel niveau nous allons recruter. La plupart des apprentis arrivent au CFA avec un baccalauréat en poche alors qu’il n’est pas exigé », remarque pour sa part Catherine Hourtiguet.

Enfin, autre élément pointé par Jean-Paul Provost : le coût d’un apprenti préparateur est équivalent à celui d’un préparateur débutant et bien supérieur à celui d’un étudiant en pharmacie stagiaire ayant validé sa 5e année d’étude. Difficile dans ces conditions de motiver des employeurs à former ces futurs préparateurs. « C’est surtout le pharmacien stagiaire qui n’est pas assez payé », note au passage Patrick Le Métayer.

Une formation revisitée, de nouveaux statuts et un nouveau diplôme, le chantier engagé est vaste. Mais une chose est sûre, reprend le président de la CPNE, « une réforme profonde des études de préparateur est attendue. »

* Groupe de travail composé des représentants des syndicats d’employeurs et de salariés, des ministères de l’Éducation nationale et de la Santé, de la Direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO), de la Direction de l’enseignement scolaire (DESCO), de la 20e CPC et de la DDASS.
› MÉLANIE MAZIÈRE

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2697