En ce 29 avril, les 32 salariés du Laboratoire Boiron de Reims ont affiché avec conviction leurs blouses et leur banderole : « Sauvons l'homéo et nos emplois ». Alors que la Haute Autorité de santé (HAS) doit donner son avis en juin, ces salariés rémois estiment que leur site serait tout simplement « voué à la fermeture » si un déremboursement intégral de l'homéopathie était décidé. En effet, les commandes passées sur ce site concernent « essentiellement des produits remboursés », comme a tenu à le rappeler Catherine Richard, pharmacienne et directrice du site. Les annonces récentes des Académies de médecine et de pharmacie arrivent quelques mois après « l'appel des 124 professionnels de santé contre les médecines alternatives », publié en mars 2018 dans « Le Figaro ». « L'homéopathie est régulièrement attaquée depuis la publication de cette tribune, on a donné un écho énorme à une position qui s'avère minoritaire chez les médecins, fustige Anabelle Flory-Boiron, directrice France des Laboratoires Boiron. Dans les faits, un tiers des généralistes prescrit quotidiennement des médicaments homéopathiques. Chaque année, plus de 1 000 pharmaciens suivent une formation spécifique sur ce sujet. (Le déremboursement de l'homéopathie) aurait, bien sûr de lourdes conséquences sur nos emplois, mais nous voulons aussi faire entendre la voix des patients et préserver l'accès à tous, en pensant notamment aux générations futures. »
La suppression des diplômes universitaires d'homéopathie dans certaines facultés et les décisions prises ou envisagées par plusieurs pays européens, dont le Royaume-Uni et l'Espagne, ont rongé la crédibilité de l'homéopathie. En cas de déremboursement total, Boiron, qui emploie environ 2 500 personnes en France, pourrait être contraint de supprimer plus d'un millier d'emplois dans notre pays.
Chute des ventes depuis janvier
Si le leader mondial du secteur se montre quelque peu alarmiste, c'est également en raison des ventes réalisées par Boiron au 1er semestre 2019. Alors que 58 % de la production est écoulée en France, les ventes ont chuté de 9,3 % dans notre pays durant cette période. Si l'on prend en compte les ventes à l'international, la baisse atteint même 10,1 %. Peu engageants, ces chiffres permettent déjà à Boiron d'anticiper un « résultat opérationnel 2019 inférieur à celui de 2018 ». Si le ministère de la Santé attend lui aussi les conclusions des experts de la HAS, Boiron a l'impression que les jeux sont déjà faits. « De nombreuses études cliniques et en vie réelle prouvent la pertinence thérapeutique de l'homéopathie, mais la ministre de la Santé ne nous semble pas très bien renseignée sur le sujet », s'alarme Anabelle Floiry-Boiron. Le laboratoire peut compter sur l'appui de certains politiques comme la députée (LR) des Ardennes, Bérengère Poletti, ou celui de Xavier Bertrand, ancien ministre de la Santé et actuel président (LR) de la région Hauts-de-France. La pétition lancée en ligne par Boiron le 10 avril, baptisée « Mon homéo, mon choix », a, quant à elle, recueilli plus de 250 000 signatures. Pour sa défense, Boiron tient aussi à rappeler les montants dérisoires que générerait l'arrêt du remboursement de l'homéopathie. Selon « le Monde », sur les 19,9 milliards remboursés par la Sécurité sociale en 2016, seulement 55,7 millions concernaient l'homéopathie. « Des études ont aussi montré un risque de report vers d'autres médicaments, plus coûteux. Je ne comprends pas quels objectifs peut-on viser en déremboursant », s'interroge Anabelle Floiry-Boiron.
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