Le burn-out a failli être reconnu comme maladie professionnelle par les parlementaires avant l’été. Ce n’est pas le cas, mais on s’y intéresse aussi côté officine, comme le prouve une enquête menée sur le sujet entre avril et juillet, qui s’adressait aux équipes officinales (pharmaciens titulaires, adjoints et préparateurs en pharmacie). Ses résultats seront connus en octobre.
Repérer les signes avant-coureurs
« Le burn-out est une pathologie extrêmement sévère, qui nécessite des soins importants (antidépresseurs, psychothérapie, arrêt de travail de plusieurs mois) et dans laquelle la reprise du travail est très hypothétique, prévient le Dr Patrick Légeron, psychiatre et fondateur du cabinet de conseil Stimulus (sur le bien-être et la santé au travail). Les symptômes en sont l’épuisement émotionnel, la dépersonnalisation (c’est-à-dire l’absence d’empathie, d’émotions) et la perte du sentiment de réalisation de soi. » Ces éléments touchent essentiellement la sphère professionnelle, contrairement à la dépression.
Mais le burn-out ne survient pas d’un coup. Les signes qui peuvent donner l’alerte sont un manque d’énergie, des problèmes de concentration, des changements émotionnels (irritabilité, agressivité), un dénigrement du travail et de ses propres compétences. « On doit se méfier plus particulièrement si plusieurs de ces éléments sont présents, si cette façon de fonctionner est nouvelle, et aussi, de façon contre-intuitive, si ces signes disparaissent d’un coup, sans raison apparente », souligne le Dr Légeron.
Prévenir
Bien sûr, se faire aider (par son médecin traitant, un psychiatre ou un psychologue) a son importance. Mais d’autres stratégies peuvent aussi être mises en place quand on repère ces signes avant-coureurs. « Il importe tout d’abord de repérer les principales sources de stress et d’apprendre à les gérer, en diminuant la charge de travail (en apprenant à déléguer) et en organisant mieux les aspects administratifs, indique le Dr Légeron. Il faut par ailleurs diversifier ses placements émotionnels (dans sa famille, ses amis, ou d’autres activités) : ceux qui n’investissent pas tout dans leur travail sont plus protégés. Et prendre soin de son corps par l’activité physique permet aussi de se ressourcer. Dans ce but, les techniques de relaxation, de méditation en pleine conscience sont utiles. »
Spécificité des pharmaciens
D’après des enquêtes européennes, les Français sont parmi les personnes qui se surinvestissent le plus dans leur activité professionnelle, et la dépendance au travail touche davantage les professions intellectuelles. De plus, « la France a mis du temps à encaisser le choc de la crise de 2007-2008, souligne David Alapini, président du CROP Nord-Pas-de-Calais. Les pharmaciens subissent des difficultés économiques et une atmosphère pharmaceutique dégradée, et sont confrontés (et en même temps tenus à une forme de réserve) à des patients qui souffrent eux aussi de la crise et peuvent être plus agressifs. » Comme dans toute profession de santé, les pharmaciens doivent faire face à la maladie, et leurs décisions (et possibles erreurs) sont lourdes de conséquences, ce qui ajoute à la pénibilité psychologique. Enfin, les charges administratives ne font rien pour arranger les choses, donnant parfois l’impression de perdre le sens du métier.
S’il n’est pas toujours évident de repérer les signes précurseurs d’un burn-out chez soi, on les voit parfois chez un collègue. Il peut être difficile d’intervenir, d’autant plus entre titulaire et adjoint. Le CNOP expérimente actuellement en région Rhône-Alpes une plateforme téléphonique d’assistance. Celle-ci permettra d’échanger sur tous les sujets de l’exercice de la profession (dont un possible épuisement professionnel) et pourra servir d’orientation en cas de besoin.
Près de 40 % du chiffre d’affaires
Médicaments chers : poids lourds de l’activité officinale
Les concentrations continuent
Hygie 31, Giropharm : grandes manœuvres au sein des groupements
Valorisation et transactions en 2023
La pharmacie, le commerce le plus dynamique de France
Gestion de l’officine
Télédéclarez votre chiffre d’affaires avant le 30 juin