Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour l’année prochaine a été définitivement adopté la semaine dernière par le Parlement. Pour l’officine, le cru 2016 se traduit par de nouvelles ponctions sur le poste médicament, avec un objectif national des dépenses d’assurance-maladie (ONDAM) historiquement bas, fixé à 1,75 % contre 2 % en 2015.
Avec l’objectif de ramener le « trou de la Sécu » à 9,7 milliards d’euros en 2016, le gouvernement table sur 3,4 milliards d’euros d’économies, avec une contribution sur le médicament de l’ordre de 1,5 milliard. Pour y parvenir, la ministre de la Santé mise sur le développement des génériques et, bien sûr, sur de nouvelles baisses de prix. « C’est un PLFSS scandaleux pour l’officine », affirme Philippe Besset, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Et les demandes d’assouplissements formulées par la profession lors du dernier comité de suivi des génériques sont pour la plupart restées lettre morte. Par exemple, la baisse de prix des statines sera à hauteur des prévisions initiales (16 %). « Sur la partie médicament, le gouvernement ne changera pas de ligne », indique Philippe Besset. Dans ce contexte, « c’est bien le système de compensation des baisses de prix qu’il faut envisager », insiste le vice-président de la FSPF.
Pas d’amélioration en 2017
Pour Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmacies d’officine (USPO), ce PLFSS n’est que la simple traduction dans les faits du pacte de stabilité décidé par le gouvernement en 2014. « Il n’y a rien de nouveau cette année par rapport à l’an passé, et le PLFSS pour 2017 sera de la même veine, déplore-t-il. Tant que nous n’avons pas de contrat avec l’État, il n’est pas possible de nous engager dans une réforme de notre mode de rémunération qui soit bénéfique pour le réseau. » La preuve, selon lui, les baisses de prix inscrites dans le PLFSS pour 2015 ont déjà fait perdre à l’officine 122 millions d’euros de revenus depuis le début de l’année. « La profession est dans une impasse jusqu’à la prochaine élection présidentielle », affirme le président de l’USPO.
« Le médicament est le principal contributeur pour la quatrième année consécutive », déplore Jean-Luc Fournival qui, compte tenu des mesures de maîtrise médicalisée prévues dans ce PLFSS, craint que les ordonnances de 5 lignes et plus se raréfient. « Le réseau va souffrir, en particulier les pharmacies rurales », expliquait déjà le président de l’UNPF lors de la Journée de l’économie organisée par « le Quotidien » fin septembre. Avant de conclure que « le régime obligatoire n’est plus notre avenir ».
Au total, selon les syndicats, l’impact de ce PLFSS sur l’officine représente entre 200 et 250 millions d’euros de perte de rémunération en 2016, rien qu’avec les baisses de prix, soit environ 10 000 euros par officine. Difficile en revanche de savoir précisément quelles spécialités seront concernées. Car cela est le fruit d’une négociation entre le Comité économique des produits de santé (CEPS) et chaque laboratoire.
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