L’ensemble des officines françaises représentent 33 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Soit environ 1,5 million d’euros, en moyenne, pour les 22 279 officines. « Un chiffre d’affaires en baisse constante depuis trois ans (-0,9 % en 2012, -1,3 % en 2013 et -1,1 % en 2014) en raison de la pression mise par les pouvoirs publics sur le médicament remboursable, constate le vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Et les mesures du dernier PLFSS ne permettent guère d’augurer d’une amélioration, puisque le médicament fera l’objet de nouvelles coupes. » Un point de vue partagé par l’économiste de la santé, Emmanuel Grégoire. « L’exécution budgétaire démontre que seule la part du poste médicament dans le PIB régresse depuis une quarantaine d’années », explique-t-il. Cette situation a même connu son point d’orgue en 2012 et 2013, « lorsque le médicament a été le seul contributeur à la régulation des dépenses de santé », précise encore l’ancien chef de cabinet de Jean-Marc Ayrault.
Pression sur les prix et régulation des volumes
Et la tendance est similaire en 2014, si ce n’est que le traitement contre l’hépatite C et la rétrocession hospitalière ont généré une croissance artificielle. Car le marché du médicament demeure dynamique sur des niches que sont les produits de spécialités. En revanche pour les produits matures, majoritairement délivrés en ville, les baisses de prix ne sont plus compensées désormais par une croissance des volumes. Conséquence : les pharmaciens sont aujourd’hui des victimes collatérales de la croissance amoindrie de l’ONDAM, puisque la moitié des économies concerne le seul médicament.
« Et cette situation ne pourra que s’accentuer car la régulation des prix comme la pression sur les volumes vont se poursuivre afin de financer les molécules onéreuses, estime Emmanuel Grégoire selon lequel le médicament ne peut plus être le relais de croissance de l’officine. » D’autant que la bouffée d’oxygène apportée par l’accord conclu en 2012, « tiers payant contre génériques », s’est estompée. « Cette bouffée d’oxygène qui avait permis à profession de récupérer une enveloppe de 250 millions d’euros, ne jouera plus en 2014 », précise ainsi Philippe Besset. Conséquence : le résultat des officines devrait être affecté.
Développer des services
D’où la nécessité de développer les autres segments de l’officine – la médication officinale, les dispositifs médicaux, le maintien à domicile, la parapharmacie – qui, par leur dynamisme (5 % à 6 % de croissance en moyenne) ne pourront toutefois que partiellement compenser l’involution du principal segment. Selon le vice-président de la FSPF, « les pharmaciens d’officine n’ont d’autres alternatives que de développer les services pour être moins dépendant de la dispensation médicamenteuse ».
Une politique traduite par la convention pharmaceutique à travers la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP), les honoraires d’astreinte, les entretiens pharmaceutiques et la rémunération sur les conditionnements trimestriels. Et pour le vice-président de la FSPF, il n’y a aucun doute : « les accords conventionnels ont permis d’améliorer le mode de rémunération ; mais pas suffisamment pour compenser les baisses de prix. »
Savoir-faire et faire savoir
Convaincus que la direction prise est la bonne, Emmanuel Grégoire, estime que les pharmaciens doivent aller plus loin et surtout se faire entendre. En particulier « face aux médecins qui ont toujours su défendre leurs intérêts au détriment du médicament et des autres professionnels de santé ». Le choc démographique de la médecine libérale va toutefois obliger chaque profession de santé à redéfinir son périmètre de compétences. Avec, à la clé, le développement des délégations de tâches et la mise en place de réelles coopérations interprofessionnelles.
« À charge pour les pharmaciens de se montrer suffisamment offensif pour participer à l’évolution du système », explique Thomas Legrain, fondateur de la société de stratégie d’influence Thomas Legrain Conseil. En clair, de faire connaître leur savoir-faire pour influencer les changements. À défaut, « si la profession des pharmaciens ne se donne pas les moyens de défendre ses intérêts économiques, alors d’autres acteurs en profiteront pour accroître leur influence et prendre des parts de marchés », ajoute le lobbyiste. Dans cette perspective, il semble nécessaire que « la profession se dote d’outils professionnels mutualisés, tels qu’une cartographie de l’écosystème, un fichier central de VIP (cercles, acteurs sources, actions…) et puisse s’appuyer sur un premier cercle constitué de pharmaciens présents dans les cercles d’influence et sensibilisés à la problématique de la profession », ajoute Thomas Legrain. Une stratégie qui nécessite toutefois que l’ensemble des acteurs travaillent de conserve et mettent de côtés leurs divergences. Peu de chance, donc de voir les lignes bouger avant la fin des élections aux URPS.
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