LE MORAL des pharmaciens n’est pas au beau fixe actuellement. Les baisses de prix et de marge contrarient les titulaires. Les attaques répétées contre le monopole ou le maillage des officines ne sont pas non plus faits pour rassurer les confrères. Alors, que conseiller aux jeunes diplômés ? D’aller voir ailleurs ou, au contraire, de saisir leur chance pour épouser une profession qui a encore un avenir ? Il existe aujourd’hui « des leviers offrant de belles opportunités pour s’installer », répond Jérôme Capon, directeur régional Ile-de-France d’Interfimo, à l’occasion d’une conférence organisée par « le Quotidien » dans le cadre du dernier salon PharmagoraPlus.
De nombreux indicateurs sont en effet actuellement au vert. Les taux d’emprunts sont historiquement bas (environ 2 % hors assurance), et les prix de cession des pharmacies sont en recul. Selon l’étude statistique annuelle d’Interfimo, le prix de vente moyen en 2014 baisse de nouveau par rapport à 2013, de trois points, pour s’établir désormais à 80 % du chiffre d’affaires hors taxes (« le Quotidien » du 26 mars). Même constat si l’on exprime le prix de vente moyen en multiple de l’excédent brut d’exploitation (EBE). Celui-ci représente désormais 6,5 fois l’EBE, au lieu de 6,9 fois en 2013. « Les vendeurs ont pris conscience qu’ils ne pouvaient plus vendre leur officine au niveau auquel ils l’avaient acheté », analyse Jérôme Capon. Du coup, les valeurs des fonds sont devenues plus raisonnables, et les endettements aussi. « Il s’agit d’un marché en mutation qui affiche encore de belles qualités », assure le directeur régional Ile-de-France d’Interfimo.
« Si les prix continuent à s’assagir, le marché va probablement offrir de vraies opportunités », estime également Philippe Becker, directeur du département Pharmacie de Fiducial. Toutefois, à ses yeux, les facteurs clés de la réussite resteront, bien entendu, l’emplacement de l’officine et une taille suffisante. Quoi qu’il en soit, « l’installation reste possible, malgré les nuages qui s’amoncellent sur la profession », affirme Philippe Becker. Il ajoute : « Les professions libérales vivent depuis plusieurs années une période difficile, car le monde évolue, et il leur faut s’adapter. Personne n’échappera à l’accélération des mutations technologiques et à l’affaiblissement des protections monopolistiques. »
L’association privilégiée.
Les jeunes diplômés, eux, semblent prêts à franchir le pas. Ainsi, selon Jérôme Capon, la moitié des dossiers d’acquisition qu’il traite actuellement concerne des primo-accédants. Les deux cas les plus fréquemment rencontrés sont celui de l’association d’un jeune pharmacien avec un plus ancien déjà installé, mais aussi de deux jeunes qui désirent s’associer pour travailler. « La grande majorité des futurs diplômés ne souhaitent plus exercer seuls, mais en association », confirme Pierre-Emmanuel Chator, vice-président de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF) chargé des relations professionnelles. Un peu pour des raisons financières, mais aussi pour pouvoir travailler en collaboration avec d’autres professionnelles. L’installation dans les campagnes ne leur fait pas non plus peur. Au contraire. « Nous sommes conscients qu’exercer en milieu rural apporte une plus value à notre profession, explique Pierre-Emmanuel Chator. Cela correspond à notre vision du métier tournée vers les nouvelles missions et l’interprofessionnalité. »
Cependant, la belle ambition des jeunes pharmaciens se fracasse parfois sur les contraintes financières nécessaires au projet d’installation. « Si aujourd’hui les exigences bancaires sont fortes et parfois, il faut bien le dire, dissuasives, c’est aussi parce que désormais les prêteurs regardent de près la rentabilité et la solidité financière des projets, relativise Philippe Becker. C’est tant mieux, car il y aura moins de pharmacies « au tapis » dans les prochaines années. » Jérôme Capon se veut lui aussi rassurant et explique que l’on peut acheter une officine sans avoir obligatoirement un apport conséquent. La qualité du projet compte également pour beaucoup, insiste le directeur régional Ile-de-France d’Interfimo. « C’est au futur acquéreur de nous convaincre personnellement de ce qu’il souhaite entreprendre avec la pharmacie qu’il envisage d’acheter, de sa stratégie », indique-t-il. L’avenir n’est peut-être pas aussi noir qu’on le pense.
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