Bordeaux, samedi 9 février 17 h 15. Un groupe de gilets jaunes remonte la rue Sainte-Catherine. Branle-bas de combat dans la Pharmacie Principale, le vigile entame la fermeture du rideau de fer, appelant la clientèle à évacuer l’officine par l’arrière. Une préparatrice excédée craque : « Y’en a marre, on en peut plus ! C’est tous les samedis. » Fausse alerte, les « gilets jaunes » en question sont pacifiques et rentrent tranquillement chez eux… Le rideau se rouvre et le commerce reprend ses droits.
Cette scène témoigne de la tension générée par plusieurs samedis de manifestations qui rassemblent à Bordeaux, de 3 000 à 6 000 personnes. Pour autant, les officines bordelaises déplorent assez peu de débordements : tags, distributeur de préservatifs malmené… Moins chanceuse, la Pharmacie Anton & Willem, a vu sa vitrine cassée, comme le confie sa titulaire, Marie-France Duplan : « Les problèmes surviennent surtout en fin d’après-midi lorsque la police charge pour disperser les manifestants dont certains perdent alors tout contrôle. C’est comme ça que début janvier, notre vitrine a été cassée. Elle ne tient que grâce à un film. Nous avons bien un rideau de fer, mais à l’intérieur, car notre bâtiment est classé. Pendant deux mois nous avons aussi eu tous les samedis, un hélicoptère tournant au-dessus du centre-ville, on se serait cru en temps de guerre… Depuis quelques semaines, la police qui stationne sur notre Cours Alsace-Lorraine, nous protège. Mais nous restons vigilants. »
Chacun s’organise à sa façon. De rares officines ont choisi de fermer les samedis après-midi.
Chiffres d’affaires en berne
Un impact loin de se limiter au samedi : « La fréquentation diminue même en semaine, car les gens ont changé leurs habitudes, précise Marie-France Duplan. Nous perdons près de 20 % de CA. » 90 %* des commerces bordelais ont constaté des baisses de CA, allant jusqu’à 50 % pour 25 % d’entre eux.
À la Pharmacie du Musée, Christophe Lafargue confirme : « Bien que n’ouvrant pas le samedi après-midi, nous sommes impactés par la baisse de fréquentation du centre-ville. En décembre notre CA était à -13 %, janvier et février étaient stables, mais en mars, nous sommes à -25 % ! » Un recul plus mesuré à la Pharmacie Victor-Hugo : « L’activité subit une baisse assez faible ; les clients du quartier continuent de venir, même le samedi après-midi. »
Désormais, les officines les plus touchées peuvent faire appel à un fonds de soutien exceptionnel (voir encadré). Mais comme tous les commerçants, elles rêvent d’une fin du mouvement « gilets jaunes ». Tout en sachant qu’ensuite, il faudra du temps avant que les Bordelais ne reprennent leurs anciennes habitudes.
* Enquête CCI de Bordeaux Gironde (décembre et 1er samedi de janvier).
Près de 40 % du chiffre d’affaires
Médicaments chers : poids lourds de l’activité officinale
Les concentrations continuent
Hygie 31, Giropharm : grandes manœuvres au sein des groupements
Valorisation et transactions en 2023
La pharmacie, le commerce le plus dynamique de France
Gestion de l’officine
Télédéclarez votre chiffre d’affaires avant le 30 juin