Les syndicats d’officinaux sont dans les starting-blocks. D’ici à la fin du mois, ils devront avoir déposé les listes de leurs candidats aux élections aux Unions régionales de professionnels de santé (URPS) dans chacune des 13 nouvelles régions françaises et des 4 départements d’Outre-mer. Le scrutin se déroulera par correspondance, entre le 30 novembre et le 7 décembre. Au-delà du renouvellement des assemblées, ces élections revêtent un caractère particulier, car elles vont déterminer la représentativité syndicale de la profession au niveau national pour les cinq prochaines années. Lors du précédent scrutin, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) avait obtenu 59 % des suffrages, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) 29 % et l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) environ 12 %.
De ces résultats découle la composition de la commission paritaire nationale, lieu de négociation avec l’assurance-maladie. Fort de son très bon score aux élections de 2010, la FSPF dispose actuellement de 5 postes, tandis que l’USPO et l’UNPF possèdent respectivement 2 et 1 postes. On comprend dès lors l’enjeu des élections de décembre prochain. Et l’USPO espère bien profiter de l’occasion pour rééquilibrer les forces en présence.
Redistribuer les cartes
« L’enjeu est de redistribuer la représentation syndicale », indique ainsi son président, Gilles Bonnefond, en soulignant que, à l’heure actuelle, la FSPF peut signer seule des accords avec l’assurance-maladie. Un succès électoral de son organisation se traduirait par une renégociation de l’avenant sur la nouvelle rémunération, promet-il. « Mon objectif est que le vote des pharmaciens désavoue l’accord signé afin de geler l’étape de 2016 et de discuter sur d’autres bases », affirme-t-il. Le président de l’USPO est en effet opposé au passage à 1 euro HT de l’honoraire à la boîte au 1er janvier de l’année prochaine. « Cet honoraire à la boîte ne nous protège pas des baisses de prix, martèle-t-il. De plus, son affichage déconnecté du prix du médicament nous expose aux critiques des patients. Soumis à une réforme similaire, les pharmaciens néerlandais en font également les frais. » Pour conforter ses dires, il s’appuie sur les statistiques IMS Pharmastat du mois de juillet qui « montrent une perte de marge de 21 millions d’euros par rapport à 2014, soit une baisse de 4,48 % qui s’ajoute à la perte de marge de 52 millions du premier semestre 2015. » Il ajoute : « Sur les 7 premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires chute de 1,52 % et la marge perd 2,25 %. » Preuve à ses yeux que « le piège est en train de se refermer et que nous devons renforcer notre protestation auprès du directeur de l’UNCAM pour lui demander de relancer au plus vite des négociations avant l’étape de 2016 ». Plus de 8 000 officines auraient déjà rédigé un courrier à Nicolas Revel allant dans ce sens.
Maintenir son leadership
Le président de la FSPF, Philippe Gaertner, ne partage pas cette analyse. « On peut tout faire dire aux chiffres », lance-t-il, soulignant que faire marche arrière, entraînerait un manque à gagner non négligeable pour l’officine. Selon lui, aucune alternative ne permettait d’obtenir la signature à la fois de l’assurance-maladie et l’aval de l’État. « Nous avions tenté d’obtenir une rémunération prioritairement à l’ordonnance, indique Philippe Gaertner. Mais l’assurance-maladie a convaincu l’État que la première étape devait respecter l’égalité de répartition entre les officines. » Il précise : « Ce nouveau mode de rémunération permet de diminuer l’impact des baisses de prix sur l’économie. Certes pas suffisamment, mais il est juste et équilibré pour l’ensemble des officines. L’objectif était de ne laisser personne au bord du chemin, ni les petites, ni les moyennes, ni les grosses pharmacies. »
Pour le président de la FSPF, cette première évolution du mode de rémunération n’est donc pas un aboutissement, mais une étape intermédiaire. « Je n’ai qu’un seul regret, explique-t-il : que ce changement se passe en deux étapes et pas en une seule. » En fait, détaille-t-il, deux approches s’opposent : la première mise sur l’introduction d’une part d’honoraires, alors que la seconde reste sur une logique de marge. « Pour nous, la marge doit rester présente dans la pharmacie d’officine, mais ne peut plus représenter entièrement la rémunération », estime Philippe Gaertner. Pour lui, l’enjeu du prochain scrutin aux URPS est clair : pouvoir continuer d’influer sur l’orientation conventionnelle, et notamment poursuivre l’évolution vers une part d’honoraires. « Il est très important pour nous de garder notre niveau de représentativité, voire de l’améliorer, insiste Philippe Gaertner. Ceux qui s’y opposent n’ont fait aucune proposition qui soit en capacité d’aboutir à un accord. »
« L’enjeu de ces élections est crucial pour la profession qui a besoin de changement et de modernisation », assure de son côté l’UNPF. Tandis qu’une pharmacie ferme tous les 3 jours, que la profession vieillit et n’attire plus les jeunes, « nous nous devons d’avoir une vision stratégique à long terme pour imaginer un avenir pérenne », explique le syndicat. La campagne pour les élections aux URPS semble d’ores et déjà lancée.
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