Le bilan est « insatisfaisant ». Deux ans après la mise en place du Pacte de responsabilité, le Premier ministre, Manuel Valls, ne cache pas sa déception. Sur les 50 branches professionnelles qui comptent le plus de salariés, seulement 16 ont à ce jour conclut un accord d’engagement sur l’emploi tel que le prévoit le Pacte. Les négociations sont sur le point d’aboutir dans 7 autres. À l’opposé, 3 branches font figure de vilain petit canard : l’enseignement privé, les cabinets médicaux et… la pharmacie d’officine. « Nous ne sommes pas aux objectifs que nous nous étions fixés », déplore Manuel Valls, qui menace de conditionner les aides aux entreprises en fonction de leurs engagements pris en faveur de l’emploi. Voire de réorienter les 41 milliards d’euros d’aides aux entreprises, et notamment les 20 milliards d’euros prévus dans le cadre du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE).
Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), n’apprécie pas que l’officine soit pointée du doigt par le Premier ministre. Et pour cause. « Nous ne négocierons pas car les aides prévues par le Pacte de responsabilité ont été gagées au moment des négociations avec l’assurance-maladie pour définir le niveau des honoraires », rappelle-t-il. Il précise, agacé : « Je l’ai déjà expliqué au cabinet de Manuel Valls, au conseiller social de la présidence de la République et je vais le répéter à la ministre du Travail avec qui j’ai rendez-vous prochainement. » En effet, explique Philippe Gaertner, la Direction de la Sécurité sociale (DSS), sous le contrôle du ministère de la Santé et de celui des Finances, a exigé que le CICE soit considéré comme une mesure de compensation de la baisse de rémunération du réseau due aux mesures d’économies sur le médicament, alors même que la profession y était opposée. Autrement dit, le montant du CICE dédié à l’officine a été déduit du montant qui devait être alloué à la profession par l’assurance-maladie pour le financement des honoraires de dispensation. Du coup, souligne le président de la FSPF, « on ne peut pas dépenser deux fois la même somme ».
Un engagement pour les apprentis
La profession apprécie d’autant moins d’être rangée parmi les mauvais élèves de la classe qu’elle a également fait des propositions en termes d’emploi, qui sont jusqu’à présent restées lettre morte. Selon les syndicats, le passage des études de préparateur de deux à trois ans, comme ils le préconisent, permettrait la création de 3 000 emplois d’apprentis supplémentaires.
« Notre marge a baissé de 2,67 %, fait également remarquer Gilles Bonnefond. Dans ce contexte, on ne peut pas demander à la profession d’avoir un engagement sur l’emploi. » Déçu, le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), attendait plutôt un signal que des remontrances de la part du Premier ministre. À ses yeux, la Grande conférence de la santé était l’occasion pour Manuel Valls d’annoncer de lancement de « véritables négociations avec les pharmaciens alors que la profession est en panne ». Gilles Bonnefond réclame l’ouverture de discussions avec le gouvernement sur un projet
global abordant à la fois l’évolution du métier, de la rémunération, du réseau et de l’emploi. « On ne peut pas saucissonner les négociations, estime le président de l’USPO. Il nous faut un minimum de visibilité pour pouvoir investir et embaucher. »
Pour Jean-Luc Fournival, président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), le Pacte de responsabilité est une fausse bonne idée. « La pharmacie n’est pas en mesure de relever ce défi, estime-t-il. Nous n’avons plus les moyens de faire de l’embauche. Au contraire, nous sommes aujourd’hui dans un phénomène de licenciements. Nous serions les premiers à embaucher si notre marge ne diminuait pas. » Le président de l’UNPF préférerait un dispositif obligeant les titulaires à embaucher en échange d’une exemption de charges pendant deux ou trois ans. Une position proche de celle défendue par l’Union nationale des professions libérales (UNAPL) qui réclame la transformation du CICE en un allégement de charges. « Le CICE n’a aucun effet direct sur l’emploi, alors que des mesures directes sur les embauches en pharmacie auraient par ailleurs l’avantage de stabiliser le réseau », estime Jean-Luc Fournival, qui appelle à la tenue d’États généraux de l’officine. « Je voudrais qu’avec Bercy nous établissions un plan Marshall de la pharmacie sur trois ans, qui retravaillerait sur l’équilibre économique du réseau », explique le président de l’UNPF.
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