LES « STATISTIQUES professionnelles de la pharmacie » présentées cette année par les experts-comptables du groupement CGP portent sur un échantillon de 1 407 officines, le plus large de toutes les études réalisées pour la profession. Elles confirment les tendances déjà observées en 2013, mais avec, toutefois, quelques différences marquées.
Ainsi, si le chiffre d’affaires diminue à nouveau en 2014 pour l’ensemble des pharmacies, ce recul est toutefois un peu moins important, de -0,31 % en moyenne. Le CA moyen s’élève ainsi à 1,695 million d’euros, contre 1,700 million d’euros en 2013. Dans cet ensemble, ce sont, géographiquement, les officines rurales qui souffrent le plus, avec une baisse moyenne de leur activité de 0,62 %. Inversement, les officines de centres commerciaux, dont l’activité est moins tributaire du médicament remboursable, sont les seules à voir leur chiffre d’affaires augmenter, de 0,99 % en moyenne.
Mais les disparités d’activité sont surtout visibles selon la taille de l’officine, le seuil se situant entre 1,5 et 2 millions d’euros de chiffre d’affaires : les très petites officines de moins de 1 million d’euros de CA voient celui-ci chuter de près de 3 % en 2014, et celles de moins de 1,5 million d’euros de CA voient leur activité diminuer de 1,47 %. Les officines réalisant entre 1,5 et 2,5 millions d’euros voient quant à elles leur activité stagner, les grandes officines de plus de 2,5 millions d’euros de CA étant les seules à constater une augmentation de leur activité en 2014 (+ 1,02 %).
« Les petites officines ne peuvent pas lutter sur les produits de parapharmacie, et elles sont dans un marché concurrentiel très fort sur le médicament remboursable », explique Joël Lecoeur, vice-président de CGP, chargé des statistiques au sein du groupement.
L’OTC en baisse
Si le chiffre d’affaires baisse en valeur absolue, il se restructure également. L’analyse par taux de TVA montre en effet une diminution significative de la part du médicament remboursable (- 0,90 %), principalement due à la baisse des prix, « mais compensée pour partie par une hausse des ventes des produits issus de la réserve hospitalière », relève l’étude de CGP.
Le secteur à 20 % de TVA (parapharmacie et produits de la LPPR), lui, enregistre au contraire une progression très nette en 2014, de + 4,59 %. En revanche, et c’est sans doute plus inquiétant, le marché de l’OTC recule en 2014 de 0,62 %, alors qu’il avait été, ces dernières années, un facteur de croissance pour les officines.
Du côté de la marge commerciale, le taux de marge brute s’établit en moyenne à 29,24 % du chiffre d’affaires (un chiffre stable, ou presque, par rapport à 2013), soit 495 639 € en valeur. Si l’on y ajoute les prestations de services (qui s’élèvent en moyenne à 61 100 € en 2014), ce taux atteint 32,84 %. En revanche, les officines dont le chiffre d’affaires est inférieur à 1,5 million d’euros enregistrent une baisse de leur marge, de 0,93 % pour les plus petites à 0,43 % pour celles qui font entre 1 et 1,5 million d’euros de CA. Pour ces officines, l’évolution du taux de marge n’a pas compensé la baisse du chiffre d’affaires.
Mais ce qui frappe surtout, c’est donc l’augmentation des prestations de services (contrats de coopération commerciale sur les génériques, primes à la performance sur le générique et indemnités de garde), qui augmentent de 22,33 % en 2014 (et de 11 151 euros en valeur), après avoir déjà augmenté de 23 % en 2013. Elles représentent aujourd’hui, à elles seules, 26 % de l’excédent brut d’exploitation des officines. Or, sans ces prestations, l’EBE des officines serait en baisse. « Ces prestations contribuent grandement à la survie des officines les plus fragiles. Sans leur développement, nous aurions constaté une dégradation de la rentabilité et du résultat des officines. Or la réforme du mode de rémunération sur le générique par le plafonnement des remises à 40 %, la baisse du montant des TFR et la baisse des prix de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2015 auront une incidence directe sur le montant des prestations et des marges des officines », préviennent les experts-comptables de CGP.
Une hausse en trompe l’œil.
Au total, l’EBE moyen des pharmacies s’élève à 232 153 euros en 2014, soit 13,70 % du chiffre d’affaires hors taxes, contre 227 003 euros (13,35 % du CA hors taxes) en 2013. Il progresse ainsi en moyenne de 2,27 %, soit, en valeur, de 5 150 euros pour une officine moyenne.
Mais là aussi, l’évolution est inégale selon la typologie des pharmacies. L’EBE progresse surtout en zone urbaine (+ 3,68 %) et en zone rurale (+ 2,16 %), et moins dans les centres commerciaux (+ 0,37 %). De même, l’augmentation de l’EBE est la plus forte pour les pharmacies réalisant de 2 à 2,5 millions d’euros de chiffres d’affaires (+ 4,88 %) et dans celles qui font entre 1,5 et 2 millions d’euros de CA (+ 3,11 %), mais moindre dans les autres types de pharmacies. Pour les plus petites d’entre elles (moins de 1 million d’euros de CA), il baisse même de 0,29 %.
Dans tous les cas, comme on l’a vu, l’évolution de l’EBE, c’est-à-dire de la rentabilité, est étroitement liée à celle des prestations de services. Une baisse drastique du prix des génériques, ajoutée à un plafonnement des remises, aurait un impact direct sur le niveau de l’EBE des officines.
Près de 40 % du chiffre d’affaires
Médicaments chers : poids lourds de l’activité officinale
Les concentrations continuent
Hygie 31, Giropharm : grandes manœuvres au sein des groupements
Valorisation et transactions en 2023
La pharmacie, le commerce le plus dynamique de France
Gestion de l’officine
Télédéclarez votre chiffre d’affaires avant le 30 juin