L'observatoire Roche et le CSA Research ont dévoilé ce matin le 3e volet de leur enquête* sur la perception des Français quant à la recherche en santé. Une perception très partagée entre confiance et défiance.
D'un côté, les Français sont 70 % à considérer que notre pays est en pointe dans la recherche en santé, recherche qui est synonyme pour 78 % d'entre eux de progrès médicaux et d'amélioration de la santé et, pour 59 % d'entre eux, d'essais cliniques qui donnent accès à des traitements en développement. Mais de l'autre côté, en miroir, ils sont 85 % à estimer que les 30 prochaines années vont être une source d'inégalités d'accès aux soins, et 90 % à juger que les responsables politiques ne mettent pas suffisamment la recherche en santé dans leurs priorités. Ils expriment aussi leurs craintes face à l'arrivée des GAFA dans le domaine de la santé, estimant qu'ils touchent un domaine dans lequel ils n'ont pas de légitimité.
Les Français sont néanmoins très ouverts à l'innovation et comprennent l'importance de le big data, de la santé connectée, de la robotique et de l'intelligence artificielle pour les développements à venir, ce qui leur prouve qu'une révolution est en cours à laquelle ils sont prêts à s'adapter : 81 % consulteront un médecin à distance via un ordinateur, 78 % participeront au diagnostic de leur santé grâce à des applis, et 70 % participeront à des essais cliniques menés par des communautés de patients. Ils sont ouverts au partage de leurs propres données de santé qu'ils considèrent comme un acte citoyen (78 %) pour faire progresser la recherche, à condition que ce ne soit pas une obligation (47 %).
Pour le sociologue des sciences de l'innovation à l'université de Lausanne (Suisse), Dominique Vinck, les Français ont confiance dans la recherche biomédicale mais ils ne peuvent s'empêcher d'être méfiants. Ce qui explique que 79 % d'entre eux adhèrent à une théorie du complot et, en particulier pour 55 %, à la croyance d'une connivence entre le gouvernement et l'industrie pharmaceutique pour cacher la nocivité des vaccins.
D'après le sociologue, le croisement de plusieurs études montre à la fois une confiance élevée mais aussi un niveau de réflexion critique plus élevé que dans bien des pays. « Cela montre une certaine maturité puisque les Français font preuve d'une réelle ouverture, mais ils ne sont pas naïfs et restent critiques, explique Dominique Vinck. C'est aussi un comportement lié à l'histoire de France, à l'opposition aux XVIe et XVIIe siècles entre le peuple et l'aristocratie, le pouvoir centralisé par le roi… De là date une défiance systématique du pouvoir. »
*Ce 3e volet a été mené du 2 au 12 octobre par questionnaire auto-administré en ligne auprès d'un échantillon national représentatif de 1 004 personnes âgées de 18 ans et plus.
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