Le Quotidien du pharmacien.- Les déclarations d’Édouard Philippe en faveur d’une libéralisation des conditions d’exercice de la pharmacie en ligne en France répondent-elles au combat que l’AFPEL mène depuis six ans ?
Cyril Tétart.- Autoriser le regroupement à l’achat des pharmacies en ligne et les entrepôts déportés, sont deux mesures qui constituent un pas positif. Mais ce n’est pas suffisant. Je doute en tout cas de l’influence du regroupement à l’achat sur les prix. En revanche, cela va sans doute inciter des pharmaciens à pratiquer la vente en ligne. Le regroupement va certes dégager des moyens financiers, mais le plus difficile pour une pharmacie en ligne n'est pas la mise en place de la partie médicale, de l’emballage et de l’expédition. Ce qui est compliqué pour ce métier à part, c’est d’exister.
En quoi la donne va-t-elle changer ?
Ce qui changera clairement les choses, c’est la faculté qu’auront les pharmacies en ligne de disposer d’un entrepôt déporté qui n'aura plus l'obligation d'être dans le quartier de la pharmacie, comme la réglementation nous y contraint aujourd’hui. Je sais que cela ne va pas plaire à tous les acteurs de la profession, mais cette mesure pourra faciliter la logistique, nous faire gagner de l’argent et donc influer sur le niveau des prix.
Les évolutions annoncées par le Premier ministre vont-elles assez loin ?
C’est plus compliqué que cela. La pharmacie en ligne doit faire face à trois problématiques : la contrefaçon, l’impossibilité pour les pharmaciens français de communiquer et la distorsion de concurrence qui en résulte face à nos homologues européens. En ce qui concerne la contrefaçon, nous alertons les pouvoirs publics. Ils se doivent d’avertir la population sur la nécessité d’acheter sur un site Internet sécurisé. Nous n’avons pas le droit de communiquer là-dessus.
Par ailleurs, cette interdiction de publicité empêche les pharmacies en ligne françaises de remonter dans les moteurs de recherche. Il est acquis que nos concurrents belges, néerlandais ou suisses achètent des mots-clés chez Google. Avec pour résultat de capter au moins 100 millions d’euros du marché français. Nous sommes aujourd’hui encerclés au niveau européen
Agnès Buzyn, ministre de la Santé, devrait à la demande d'Édouard Philippe auditionner les professionnels de santé, médecins et pharmaciens. Quelles seront vos propositions ?
Que le Premier ministre se penche pour la première fois sur la pharmacie en ligne est un bon début. Je serai sans doute auditionné comme d’autres acteurs du marché. Pour l’heure, j’invite la ministre de la Santé à visionner la vidéo qu’a mise en ligne mon adjointe Constance Coquerel, qui résume très bien la situation de la pharmacie en ligne française.
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