DEPUIS le 1er janvier, la vente en ligne de médicaments est autorisée en France. Toutefois, l’arrêté des bonnes pratiques manque encore pour encadrer précisément cette nouvelle activité. L’avis de l’autorité de la concurrence sur le projet d’arrêté, également attendu, devrait, quant à lui, paraître ces jours-ci. Pour l’heure, sept sites de pharmacies ont été autorisés par l’Ordre des pharmaciens à vendre des médicaments sur le Toile. Et d’autres demandes d’autorisation sont encore sur les bureaux des directeurs des ARS.
• Une plate-forme Web clé en main
Face à cet engouement, diverses offres ont vu le jour, comme celle de la plate-forme Web 1001pharmacies.com. « Nous fonctionnons comme une place de marché. Le pharmacien peut créer une page de présentation de son officine et développer un nom de domaine qui correspond à celui de sa pharmacie. L’officinal obtient ensuite l’accès à une base regroupant 7 500 références de parapharmacie et 3 500 médicaments sans ordonnance. Il renseigne ce qu’il a en stock et appose son prix », explique Cédric O’Neill, pharmacien et fondateur de 1001pharmacies. Ce type d’offre permet de mutualiser les coûts de création d’un site et de bénéficier d’un bon référencement dans les moteurs de recherche. L’internaute peut choisir une pharmacie proche de chez lui ou faire sa sélection directement sur la plate-forme générale. « Nous proposons alors la commande à une pharmacie selon plusieurs critères : elle doit avoir les références en stock, être proche géographiquement de l’internaute, mais sans proposer des prix de plus de 20 % supérieurs à ceux de la pharmacie pratiquant le tarif le plus bas. Nous indiquons toujours à l’internaute une pharmacie proche de chez lui pour un retrait directement en officine, ce qui économise les frais de livraison », explique Cédric O’Neill.
L’investissement pour être présent sur la plate-forme 1001pharmacies varie selon les fonctionnalités choisies. Le tarif minimum est de 29 euros par mois hors taxe pour vendre de la parapharmacie, auquel s’ajoute une commission sur les ventes (7,5 % au minimum), en fonction de l’abonnement mensuel retenu. Et il en coûtera 60 euros par mois pour la vente de médicaments. Par ailleurs, la plate-forme vient de signer un partenariat avec Vidal, permettant aux pharmaciens de bénéficier de ses alertes, par exemple en cas d’interaction entre deux produits d’une même commande. 1001pharmacies prévoit de limiter l’achat d’une spécialité à la dose maximale autorisée pour un traitement complet, ainsi qu’un questionnaire que l’internaute doit remplir. En revanche, Cédric O’Neill écarte l’une des pistes évoquées par le projet d’arrêté de bonnes pratiques : restreindre les ventes aux médicaments détenus en stock. « C’est contraire aux pratiques du e-commerce, et même aux pratiques réelles en officine puisqu’une commande faite le matin auprès d’un grossiste est livrée l’après-midi. » Il réprouve aussi l’interdiction de pratiquer des tarifs moins élevés sur Internet qu’en pharmacie.
• Une exclusivité territoriale
Une nouvelle plate-forme sera disponible en mai prochain : Pharmarket. « Nous proposons un catalogue de 600 produits leaders (300 références de parapharmacie et 300 médicaments) et on attribue la commande à la pharmacie partenaire la plus proche de l’internaute géographiquement », indique Nicolas Métairie, le fondateur. La pharmacie qui reçoit la commande doit la traiter dans l’heure, sinon la commande est attribuée à la deuxième officine la plus proche. Quant au pharmacien partenaire, il doit régler un droit d’entrée de 499 euros, il reverse une commission de 10 % sur les ventes réalisées et réinvestit 10 % de son chiffre d’affaires sur ces ventes pour la communication. En contrepartie, les pharmaciens partenaires bénéficient d’une exclusivité territoriale, basée sur le découpage en UGA (unité géographique d’analyse) propre à l’industrie pharmaceutique. « Une UGA compte 80 000 habitants, il y a 746 UGA en France, c’est donc notre objectif à terme : avoir 746 pharmacies partenaires. » Pharmarket prévoit également des garde-fous, en terme de quantité commandée, de prise de connaissance de la notice des produits choisis, d’alertes en cas d’interaction médicamenteuse… Le site est hébergé par un serveur spécifique au e-commerce, particulièrement protégé. « Le but de Pharmarket est de soulager les pharmaciens partenaires de tout ce que nous pouvons faire à leur place, de façon à ce que leur investissement dans la vente en ligne ne change pas ou peu leur quotidien », ajoute Nicolas Métairie. Il compte déjà une cinquantaine de pharmacies partenaires et développe divers partenariats, notamment avec le groupement Cofisanté et la société Alliadis.
• Du sur-mesure
D’autres modèles existent. Medprice Services, par exemple, filiale de la société Mumatic, propose aux pharmaciens de créer un site personnalisé. Il existe une offre de site évolutif en e-commerce pour ceux qui souhaitent commencer par une vitrine de leurs produits sans entrer d’emblée dans la vente en ligne. « Les sites sont conçus sur mesure, donc vraiment à géométrie variable. Certains veulent uniquement une vitrine qui pourra se transformer en site d’e-commerce plus tard, d’autres commencent avec seulement de la parapharmacie, des compléments alimentaires, des laits maternisés… », détaille Ghislain Vanlaer, gérant de la société Mumatic. La seconde offre possible est la conception d’un site de vente en ligne pour laquelle Medprice Services accompagne le pharmacien à toutes les étapes de cette activité, et ce dès la demande d’autorisation du site auprès de l’ARS. « Nous pouvons tout gérer, excepté la délivrance et l’expédition des commandes. On se charge de tout ce qui est webmarketing et référencement », ajoute Ghislain Vanlaere. La société a déjà pensé à un grand nombre de garde-fous que ses clients sont libres de mettre en œuvre. Pour Ghislain Vanlaere, il est très difficile pour un pharmacien de créer son site seul, étant donné les contraintes techniques et juridiques imposées, pour finalement accéder à un marché relativement réduit. Par ailleurs, les solutions clé en main proposées par certaines plate-formes ne permettent pas de personnaliser le site en fonction de besoins spécifiques, « par exemple pour des pharmaciens qui voudraient vendre à l’étranger ».
• Un chantier pour les groupements
Attendus sur ce segment de marché, les groupements pourraient rapidement s’imposer. Ainsi, après avoir bataillé contre la vente en ligne, Univers Pharmacie compte proposer deux solutions d’e-commerce dès juin prochain. Il développe actuellement un site adossé à sa pharmacie pilote de Colmar. « Les médicaments présents dans l’officine seront ceux qui seront proposés sur le site. Les officines Univers Pharmacie pourront, si elles le souhaitent, devenir des points relais pour la livraison des médicaments et être rémunérées pour leur aide logistique. L’internaute pourra aussi choisir la livraison à domicile », précise Daniel Buchinger, président du groupement. Les pharmaciens groupés peuvent aussi faire le choix de développer leur propre site d’e-commerce, et les équipes d’Univers Pharmacie les y aideront. Là encore, des garde-fous sont prévus, grâce à un partenariat avec le Vidal et le recours possible à un pharmacien qui répond aux questions posées par les internautes dans les 24 heures. « Nous n’avons pas choisi d’empêcher la commande de plusieurs boîtes d’une même spécialité, mais chaque commande est vérifiée par un pharmacien et si la demande est justifiée, il n’y a pas de raison de s’y opposer. On applique à Internet les mêmes règles que celles que nous appliquons au comptoir », ajoute Daniel Buchinger. Comme sur d’autres sites, l’internaute doit déclarer avoir pris connaissance de la notice avant de pouvoir valider la commande d’un médicament. Aucune donnée de santé n’est stockée, elles sont éliminées au fur et à mesure, ce qui permet de ne pas avoir recours au cryptage. Univers Pharmacie cherche également un moyen de pouvoir utiliser le DP via Internet, en imaginant par exemple que les internautes seront un jour tous équipés d’un boîtier spécifique pour y insérer non seulement leur carte bancaire, mais aussi leur carte Vitale.
Le groupe PHR, pour sa part, vient tout juste d’annoncer qu’il présentera un site de commande en ligne de médicaments, mapharmacieservices.com, à la mi-mai, qui prévoit exclusivement une réservation sur Internet et un retrait en pharmacie.
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