LE MINISTÈRE de la Santé et l’AIFA, l’agence italienne du médicament, ont autorisé la vente sur le Net des médicaments sans ordonnance. Cette mise en conformité avec le droit européen devrait permettre aux Italiens de combattre le e-commerce, totalement illégal mais très florissant, notamment en ce qui concerne les ventes de Viagra, de produits anabolisants ou soi-disant amaigrissants, mais surtout extrêmement dangereux. « 70 % de produits vendus sur le Net relèvent de la contrefaçon et 93 % des officines virtuelles sont illégales », indique Domenico Di Giorgio, de l’AIFA.
Alors que la plupart des autres États de l’Union européenne appliquent déjà la directive, l’Italie ne donnera le coup d’envoi des ventes sur Internet qu’au début de l’automne. Si tout va bien naturellement, le ministère de la Santé et l’AIFA n’étant pas vraiment pressés de lancer l’opération médicaments sur la Toile. « L’important était de montrer à Bruxelles que les règles sont appliquées ; pour le reste, on verra », affirme une source anonyme. Or c’est justement ce reste qui risque de faire traîner la mise en place du système. Comme en France, les ventes devront être adossées à une pharmacie réelle. Pour avoir pignon sur la Toile, les titulaires devront demander une licence à la Région et la mairie. Ils devront afficher sur Internet une vignette provenant du ministère de la Santé qui servira d’enseigne lumineuse pour signaler les officines autorisées. Ce système permettra aux autorités sanitaires transalpines de contrôler la situation.
Reste que les Italiens, généralement optimistes, affichent un certain scepticisme quant au succès que remporteront les ventes pharmaceutiques légales sur la Toile. C’est du moins ce qu’affirment l’AIFA, Farmindustria (l’association des industries pharmaceutiques) et aussi Federfarma (la fédération des pharmaciens). « Les pharmacies sont bien implantées sur tout le territoire et les titulaires comme le personnel savent tisser des relations de confiance avec la clientèle. Ce qui ne sera pas le cas sur Internet », note Carla Debernardis, une pharmacienne employée dans la capitale. Elle ajoute que les clients ne peuvent généralement pas attendre deux ou trois jours avant d’être livrés, d’où un probable blocage des ventes en ligne. Même son de cloche du côté de Farmindustria : « Ce sera une alternative, mais je ne crois pas que les Italiens abandonneront leur pharmacien de confiance », estime Massimo Scaccabarozzi, patron de l’association. À l’AIFA enfin, on estime que cette nouvelle concurrence ne devrait pas entraîner de baisse de prix. « Les prix des médicaments sans ordonnance ne vont pas chuter, au contraire. Les officines en ligne représenteront seulement un service en plus. C’est tout », selon Sergio Pecorelli, président du Conseil d’administration de l’AIFA.
Mais du côté des pharmaciens, on s’interroge. Cette nouvelle concurrence est mal perçue par la profession qui doit maintenant vendre de tout pour faire face aux difficultés économiques. « J’ai l’impression d’avoir monté un supermarché. Du shampoing, des crèmes, des parfums, des lunettes de soleil, et même des aliments pour les personnes souffrant d’intolérance. Il ne manque que les glaces, mais on va bien finir par y arriver ! », ironise Luca Pagano. Pour le nouveau président de Federfarma Rome, Vittorio Cantarina, cette directive européenne est inquiétante en raison du contexte économique italien. Avec la crise qui pénalise les officines depuis quatre ans, l’ouverture sur Internet représente un danger certain pour les pharmaciens. « Les officines sont tellement fragilisées par la crise qu’un rien peut suffire à faire voler le système en mille morceaux », analyse Vittorio Cantarina.
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