Le Quotidien du pharmacien.- L'interdiction de vendre des autotests en ligne, selon l'arrêté du 27 décembre, a été dénoncée par plusieurs acteurs du secteur. Pensez-vous qu'une telle interdiction était justifiée ?
Cyril Tétart.- Dire que l'on ne peut pas vendre d’autotest car nous ne sommes pas présents pour conseiller le patient alors qu'il n'y a pas de conseil non plus en grande surface, c’est absurde. En officine, les patients achètent leur autotest et repartent sans demander de conseil. Historiquement, la réglementation française contre les pharmacies en ligne est extrêmement dure, bien plus que n’importe quelle réglementation européenne. Ces règles ont tué dans l'œuf le développement de ce canal de distribution, ce qui nous a mis en retard par rapport au reste du continent. Et ce n'est pas sanitaire, mais politique. Les organismes de tutelle sont bien heureux de bloquer les choses, car 95 % des pharmaciens ne vendent pas en ligne et ne veulent pas que ça se développe. Cette histoire d'autotest n’est que le symptôme d’un mal bien français.
Quelles actions devraient être menées selon vous afin d'aider les pharmacies en ligne françaises ?
L’idéal serait que le gouvernement, les syndicats, l’Ordre et nous, puissions discuter ensemble et se comprendre mutuellement sur la façon dont fonctionne chaque entité, et la plus-value que nous pouvons apporter. Car la généralisation de la vente de médicaments en ligne est inéluctable. Aujourd’hui on parle d’autotests, mais demain tout passera par le numérique, la commande et la livraison à domicile de médicaments, les consultations de spécialistes à distance par application… Si on ne réagit pas maintenant et qu'on ne développe pas ce secteur, c'est la survie de la pharmacie tout court qui sera menacée. Le but ce n'est pas de vendre n'importe quoi, n’importe comment à n'importe qui, mais de mettre en place des règles intelligentes pour soutenir la pharmacie en ligne et non l’étouffer. Même avoir un entrepôt déporté nous est interdit !
Il y a donc un vrai danger à craindre de la part des pharmacies en lignes européennes ?
Nos alter ego européens ont une avance phénoménale sur nous. Tant que l'on restera restrictif sur la pharmacie française, eux se développeront. Un jour, ils seront tellement gros qu’ils ne vont pas seulement nous prendre la parapharmacie, mais ils seront présents sur tout le business pharmaceutique. Nous sommes dans un environnement mondialisé. C’est comme si on interdisait les smartphones en France, ce serait impossible, à un moment on ne peut pas mettre en retard tout un pays pour faire plaisir à un certain nombre de personnes. On ne pourra pas refuser aux Français l’accès à toute une numérisation de la santé tournée vers le patient. On va se faire avoir ! Les autres pays sont en train de se construire tout un écosystème, alors que la pharmacie en France est encore très archaïque. Il est urgent de nous mettre au niveau.
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