Membre du parti chrétien démocrate d’Angela Merkel, le ministre de la Santé Hermann Gröhe s’était engagé, dès cet automne, à faire interdire les ventes de prescriptions par correspondance en Allemagne, suite à l’arrêt de la Cour de Justice européenne qui a autorisé les remises sur ces dernières lorsqu’elles proviennent d’un pays étranger, en l’occurrence les Pays-Bas.
Pour contrer ces remises, perçues par les pharmaciens comme une grave menace sur leur propre activité, l’interdiction des ventes de prescription par correspondance constitue, selon eux, la solution la plus simple et la plus efficace. M. Grohe et ses experts ont donc préparé un projet de loi dans ce sens, mais qui, dans le cadre de la coalition gouvernementale associant les chrétiens-démocrates (CDU/CSU) et les sociaux-démocrates (SPD), devait être validé par les parlementaires des deux partis. Las, le SPD a suivi le point de vue de son expert santé, le Dr Karl Lauterbach, pour qui une telle interdiction n’est pas une solution, même si d’autres mesures, dont un plafonnement éventuel de ces remises, peuvent être envisagées.
Douche froide
C’est donc une douche froide pour les pharmaciens qui, ces dernières semaines, avaient espéré une issue rapide dans cette affaire. Ils avaient mené, dans cet objectif, un intense travail de lobbying auprès de la classe politique, mettant en avant les dangers de ces ventes pour les officines de proximité, surtout les plus petites. Ils ont organisé, ces derniers mois, plusieurs campagnes de communication et fait signer des pétitions dans leurs officines, soutenues par une grande partie de leurs clients. Concrètement, ce refus de l’interdiction risque de bloquer la question, au moins jusqu’aux prochaines élections législatives allemandes, à l’automne prochain.
Toutefois, selon l’association allemande des caisses de maladie privées, qui se fonde sur une étude effectuée par ses soins, les ventes de médicaments prescriptibles par correspondance constituent un « faux problème », car elles restent négligeables. Si 24 % des Allemands âgés de 18 à 74 ans ont déjà acheté au moins une fois un médicament par correspondance, seulement 3 % de ces derniers - soit moins d’un pour cent de la population adulte totale - ont déjà acheté une prescription par ce biais. Il est donc faux de dire, selon ces caisses, que ces ventes menacent les pharmacies locales. Des arguments qui sont toutefois loin de rassurer les pharmaciens qui restent, eux, mobilisés face à ces ventes et aux risques qu’elles font peser sur l’avenir du réseau et sur sa bonne répartition dans tout le pays.
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