FAUT-IL interdire, ou pas, la vente de médicaments sur Internet ? La question devrait être tranchée dans les prochains jours. En effet, la France a jusqu’au 31 décembre pour transposer la directive européenne relative à la lutte contre les médicaments falsifiés. Et, dans ce cadre, elle doit du même coup se prononcer sur le commerce en ligne de spécialités pharmaceutiques. À quelques jours de la date butoir, l’inquiétude monte du côté des syndicats d’officinaux, qui ne savent pas de quel côté le gouvernement fera pencher la balance. À l’heure actuelle, « l’ordonnance doit être en phase d’écriture, mais je ne sais rien de son contenu », confie Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), qui rappelle son opposition « à toute démarche de nature à favoriser la vente par correspondance de médicaments par des pharmaciens d’officine ». D’autant que, insiste-t-il, les seuls produits contrefaits retrouvés en France sont entrés via le Net. « À chacun de prendre ses responsabilités », lance le président de la FSPF.
« Le gouvernement aura-t-il le courage politique d’interdire la vente sur Internet ? » demande pour sa part Gilles Bonnefond. Pour le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) autoriser le commerce en ligne risque de brouiller l’esprit des patients. « C’est leur dire qu’il est possible d’acheter des médicaments sur Internet. L’inconvénient est que la plupart d’entre eux ne feront pas la différence entre un site adossé à une officine et un autre n’offrant aucune sécurité dans l’approvisionnement », argumente Gilles Bonnefond. Quant à l’idée de sécuriser au maximun la vente à distance, elle ne lui paraît pas suffisante.
Sensibiliser les élus.
Les pharmaciens en colère (PEC), qui craignent que le gouvernement profite de la trêve des confiseurs pour autoriser la vente sur la Toile en catimini, ont décidé d’alerter les élus des dangers d’une telle décision. Ils invitent les confrères internautes à imprimer, puis à faxer une affichette aux sénateurs, ou à leur twitter un message expliquant que « le médicament sur Internet, c’est l’arrivée des médicaments issus de la contrefaçon en France et la disparition de la pharmacie sociale de proximité ». Déjà, il y a quelques jours, les étudiants aussi avaient fait savoir leur opposition au projet de vente en ligne (« le Quotidien » du 13 décembre). Ce qui n’empêche pas certains de penser autrement et même de passer à l’acte (voir ci-dessous).
La ministre de la Santé semble, elle, encore hésiter. Même si elle paraît plutôt encline à réglementer la vente qu’à l’interdire purement et simplement. « Il nous faut examiner rapidement les enjeux liés à cette question et réfléchir à ce qui doit être encadré, en complément du droit européen, afin que ne soit pas remis en cause le rôle de conseil essentiel des pharmaciens », expliquait ainsi Marisol Touraine il y a quelques semaines lors de la 25e Journée de l’Ordre des pharmaciens. Elle ajoutait : « Tout en tenant compte de la législation européenne, nous ne pouvons pas pour autant accepter l’idée d’un accès libre à des médicaments sur Internet, car nous savons que cela favorise les médicaments falsifiés et les trafics en tout genre. Le gouvernement est engagé dans la recherche de garde-fous qui permettront de garantir la sécurité des patients et le rôle des pharmaciens ».
Pendant la campagne à l’élection présidentielle, François Hollande avait été clair. « La vente de médicaments sur Internet peut entraîner un certain nombre de dérives difficilement contrôlables, expliquait-il dans un entretien avec « le Quotidien » (notre édition du 5 avril). Il faut sécuriser le parcours du médicament et garantir la santé publique. Comment le faire pour des médicaments vendus par Internet ? » Le président Hollande aura-t-il une position différente de celle du candidat ? Réponse dans les prochains jours.
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