LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. - Quel rôle les adjoints peuvent-ils jouer dans la gestion d’un site ?
GAÉTAN BOCAHUT. - Tout les 1,3 million d’euros de chiffre d’affaires, il faut recruter un adjoint et le chiffre d’affaires réalisé en ligne est pris en compte. Dans la pharmacie où je travaille, ils vont prochainement recruter un adjoint. Il peut jouer un rôle important dans la vérification des commandes, mais aussi dans le conseil. Nous avons beaucoup de patients qui s’adressent à nous via le site, Facebook ou par téléphone. Il est important qu’un pharmacien puisse leur répondre.
Quelles sont les contraintes à respecter lorsqu’on gère un site de vente en ligne de médicaments ?
Contrairement à un site de vente de chaussures, par exemple, les pharmacies en ligne doivent être adossées à une officine physique et être dans les murs de cette pharmacie. La loi française est plus contraignante que dans d’autres pays. Depuis le mois de juillet par exemple, il faut un hébergeur agréé pour les données de santé, ce qui coûte entre 400 et 800 euros par mois. Par ailleurs, nous avons demandé aux agences régionales de santé quelles étaient les conditions si l’on souhaitait acquérir un local pour s’agrandir et stocker les produits pour la vente en ligne. Elles ont répondu qu’il fallait que le local soit situé à proximité immédiate de l’officine, c’est-à-dire accessible à pied. Enfin, pour vendre en ligne, il faut pratiquer des prix attractifs, de 20 à 30 % moins cher que ceux constatés en officine et être attentif au référencement. Si le site n’apparaît pas dans les cinq premiers résultats affichés par un moteur de recherche, il n’est pas visible. Ce n’est pas comme la croix verte, visible depuis la rue. Beaucoup de pharmaciens risquent d’être dissuadés par le coût prohibitif de l’hébergement. Et je pense que seulement une partie d’entre eux va tirer son épingle du jeu, car de nombreux pharmaciens vont se rendre compte que ce n’est pas très rentable. Ce sont les grosses pharmacies, avec les meilleurs prix, qui seront les seules à s’en sortir.
Les pharmaciens sont-ils suffisamment informés des règles à suivre et suffisamment accompagnés dans leurs démarches ?
Gérer un site Web, ce n’est pas le métier de pharmacien classique. Il faut des compétences différentes. De plus, les pharmaciens ne sont pas habitués aux conditions d’envoi ou d’emballage par exemple. Actuellement, nous avons un colis endommagé tous les quinze jours. Les transporteurs ne sont pas particulièrement délicats avec les colis, donc nous devons nous améliorer au niveau de l’emballage. La vente en ligne, c’est un autre métier. Les pharmaciens peuvent être accompagnés par leurs groupements et informés par les revues professionnelles. En revanche, les acteurs légaux ne sont pas encore d’une grande aide, d’autant plus qu’ils sont officiellement opposés à la vente en ligne de médicaments. Notre agence régionale de santé commence seulement à avoir une sorte de grille pour les pharmacies qui lancent un site de vente en ligne. Et l’Ordre des pharmaciens a récemment recruté des jeunes avec un profil un peu « geek » pour les conseiller sur le sujet. Les pharmaciens qui ont un site de vente de médicaments ont de leur côté créé l’Association française des pharmaciens en ligne, qui compte une trentaine d’adhérents actuellement. Tout va se mettre en place progressivement et je pense qu’on pourra faire un bilan d’ici à cinq ans.
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