D’AUCUNS, comme Umberto Eco dans « Libération », dénoncent le pouvoir excessif que s’arroge la presse. Mais qu’y a-t-il de journalistique, ou d’éthique, dans la démarche de M. Assange ? D’un côté, la société s’emploie par tous les moyens, à empêcher qu’Internet ne nuise à la vie privée des citoyens. De l’autre, le public enthousiaste se jette sur des textes auxquels, sans WikiLeaks, il n’aurait pas eu accès. N’était le travail de rédactions compétentes et fortes en effectifs, la masse des textes rendus « transparents » serait restée inabordable. Ce sont les journaux qui, tout en prenant des précautions pour ne révéler aucun nom et en plaçant les messages dans le contexte politique du moment où ils ont été écrits, les a rendus accessibles.
On ne saurait s’en prendre aux journalistes qui se sont précipités sur cette masse d’informations mliraculeuse. Ils ont fait leur métier. Leur déontologie leur interdit pourtant d’aller chercher des informations au fond des tiroirs des personnalités auxquelles ils rendent visite. La règle de l’information à tout prix et de la transparence sacrée a ses limites, à la fois définies par le droit et par la morale. Pour une raison évidente : ce que dit un diplomate accrédité dans un pays donné l’engage et l’expose à des mesures de rétorsion s’il n’observe pas une totale neutralité par rapport au pays qui l’a accueilli. Tant que ce qu’il écrit reste dans la domaine de la confidentialité, il exerce son métier sans porter atteinte aux relations entre le pays d’où il vient et celui qu’il observe. Si ses réflexions deviennent publiques, il acquiert une nature très particulière qui le disqualifie pour son travail.
Le journaliste n’est pas tenu par de telles contraintes. Par définition, il est libre de révéler ce qu’il a appris grâce à son talent de persuasion ou d’observation. Il peut critiquer son propre gouvernement ou d’autres gouvernements. Il n’a aucune responsabilité autre que la recherche de la vérité par l’acquisition et la confirmation de ses informations. Comme on a pu le voir en parcourant les pages de journaux consacrées aux fuites de WikiLeaks, les diplomates aussi sont d’excellents journalistes. En s’immergeant dans la société d’accueil, en entretenant des relations suivies avec les décideurs, ils constatent l’état du pays qu’ils sont chargés d’observer, ils relèvent les changements en cours, ils voient se faire et se défaire les carrières politiques. Il n’est d’ailleurs pas rare que des diplomates s’informent auprès de journalistes ou que des journalistes s’informent auprès de diplomates. Il s’agit de métiers parallèles, mais pas identiques et dont les règles de fonctionnement sont extrêmement différents. Julian Assange a-t-il commis un délit ou crime, comme le pensent les dirigeants américains, parce qu’il a effacé la ligne de démarcation entre les deux professions ? Il est impossible d’ignorer le point de vue du Département d’État, qui entend bel et bien poursuivre M. Assange : ces messages électroniques faisaient partie du secret d’État, lequel a été violé. Bien entendu, une fois que WikiLeaks a diffusé les messages, la presse ne peut pas être comptable, légalement ou autrement, de l’acte de WikiLeaks.
Un danger ?
Est-ce qu’elle acquiert, de cette manière, un pouvoir tellement considérable qu’elle en deviendrait un danger pour la bonne marche des relations internationales ? Si les analyses et observations contenues dans les messages ont pu irriter beaucoup de chancelleries ou de gouvernements, on aura remarqué que ceux-ci ont opposé aux « révélations » une condamnation sobre de la méthode de M. Assange et un silence complet quant aux implications diplomatiques des textes. En notant un peu plus haut la ressemblance entre le travail de journaliste et celui de diplomate, nous avons traduit aussi le faible impact de leur activité sur le cours des événements. Dans le cas des relations franco-américaines, par exemple, on ne voit nulle part qu’un diplomate puisse peser sur les choix démocratiques du peuple français. Les réflexions américaines sur le comportement insolite d’un Sarkozy ou d’un Berlusconi n’ont eu aucun effet sur leur carrière. Apprendre que le colonel Kadhafi a une belle Ukrainienne pour garde du corps n’a pas permis de faire baisser le cours du pétrole. Noter que le roi d’Arabie souhaite la chute du régime iranien n’empêche guère un certain Ahmadinejad de rester au pouvoir. Non seulement le journaliste n’a aucun pouvoir sinon celui de dire la vérité, mais le diplomate en a encore moins.
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