LES ALLEMANDS sont de plus en plus friands des ventes de médicaments par Internet, mais celles-ci concernent très majoritairement les OTC. Selon une enquête publiée début février par un cabinet spécialisé sur l’audience des sites Internet, 16 millions d’Allemands, soit un internaute sur trois, ont déjà acheté des médicaments sur le Web. Majoritairement féminins, les acheteurs apprécient les prix des OTC, et le fait de pouvoir faire leurs courses depuis chez eux, sans stress. En 2010, selon IMS Health, les ventes d’OTC par correspondance ont représenté 408 millions d’euros, soit 10 % des ventes des officines, et celles des prescriptions 195 millions. Si les ventes d’OTC sur Internet continuent de progresser, alors que le marché global stagne, ce n’est pas le cas des prescriptions en ligne, qui continuent de baisser, notamment parce qu’il n’existe aucun avantage réel pour le patient à les acheter par ce biais.
Mais acheter ses médicaments sur Internet ne signifie pas forcément passer par une grande pharmacie virtuelle de type Doc Morris : plus de 3 000 officines allemandes, soit 15 % d’entre elles, possèdent une page Internet avec la possibilité d’acheter des médicaments par ce biais, qui leur sont ensuite livrés. La plupart de ces sites ne traitent que quelques commandes par jour, et seulement 40 pharmacies virtuelles ont une activité supérieure à 1 000 commandes quotidiennes. Dans la plupart des cas, ces ventes s’ajoutent donc aux prestations des pharmacies classiques, comme un service de plus apprécié de la clientèle. Depuis quelques semaines, le ministère de la Santé propose, sur son site, une liste des pharmacies virtuelles accréditées, afin d’aider les consommateurs à mieux s’y retrouver : si leur site ne figure pas sur cette liste, ils sont invités à ne pas traiter avec lui. Un système de contrôle également envisagé par le gouvernement français.
En attendant, les pharmaciens « classiques » résistent avec opiniâtreté à l’avancée des pharmacies virtuelles, comme le montre le nombre impressionnant de procès intentés contre elles, souvent à l’initiative des syndicats et des Ordres régionaux. Les pouvoirs publics sont aussi intervenus à plusieurs reprises pour limiter certaines initiatives des pharmacies virtuelles. En 2012, le gouvernement les a sommées de ne plus consentir de rabais sur les médicaments remboursables, et l’interdiction de ces « primes et boni », même sous forme de bons d’achat, a porté un coup sévère à la vente de prescriptions en ligne. En octobre dernier, la faillite spectaculaire de Sanicare, l’une des plus grosses pharmacies virtuelles allemandes, a sans doute été hâtée par cette interdiction des « boni », qui gêne bien sûr aussi les autres distributeurs en ligne. De même, les résultats du pionnier, Doc Morris, racheté en 2012 par le Suisse Zur Rose, sont loin d’être aussi mirobolants que ne l’espéraient ses promoteurs.
Aujourd’hui, un autre procès menace les pharmacies virtuelles, qui peuvent être jointes par les clients qui souhaitant un conseil via des lignes téléphoniques surtaxées. Or la loi oblige les pharmaciens à donner des conseils gratuitement, ce qui n’est plus le cas si la ligne est surtaxée. Ces lignes risquent donc de disparaître, et, avec elle, un revenu complémentaire pour les pharmacies virtuelles. « Manœuvres de lobbyistes », selon les pharmacies en ligne, simple égalité de traitement selon les pharmaciens classiques : comme pour tous les sujets qui touchent à ces ventes, les avis entre les protagonistes sont visiblement irréconciliables.
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