GOOGLE représente aujourd’hui 6,4 % du trafic Internet mondial et affiche une croissance supérieure à celle du Web. Un succès phénoménal battu en brèche sur deux points : sa situation croissante de monopole et ses capacités intrusives dans la vie privée des personnes et des entreprises. La question est de savoir si, en plus d’être omniprésent dans notre quotidien de travail et de loisirs, Google est aussi omnipotent en se servant davantage de nous qu’on ne s’en sert, et omniscient en sachant tout sur tout et sur tous. Une petite phrase assassine d’Eric Schmidt, le P-DG de Google, a remué il y a moins d’un an les consciences : « Si vous ne voulez pas qu’on le sache, peut-être devriez-vous commencer par ne pas le faire ! »
Google vous suit à la trace
Un simple clic pour se connecter sur Google, et le service enregistre un « log » (journal) de l’échange de données qui en découle. Deux petites lignes qui en disent long : d’abord une série de quatre nombres détermine l’adresse IP de l’internaute, qui permet d’identifier la connexion depuis laquelle l’utilisateur se connecte ; puis apparaissent la date et l’heure de la connexion et l’adresse exacte consultée ; viennent ensuite la version du navigateur utilisé, le système d’exploitation et enfin une série de chiffres et de lettres qui correspondent à l’identifiant d’un cookie : un petit fichier que Google enregistre sur votre ordinateur afin de vous identifier lorsque vous vous connecterez à nouveau, quelques instants, quelques jours ou... quelques mois plus tard.
Car l’adresse IP ne redevient anonyme qu’au bout de 9 mois. Plus subtilement – et pour répondre aux critiques – Google a décidé d’en supprimer le dernier nombre, ce qui rend très difficile l’identification de l’utilisateur, mais lui permet de continuer d’utiliser les données à des fins statistiques. Les cookies, eux, sont conservés durant 18 mois.
Google connaît votre profil par le menu
En se fondant sur nos recherches et les mots clés que nous tapons le plus fréquemment, Google connaît nos centres d’intérêt. Il lui suffit d’associer ces mots clés avec d’autres informations récoltées par les différents services qu’il nous offre gratuitement, pour constituer un véritable profil.
Ainsi, si vous utilisez le navigateur Chrome ou sa barre d’outils (Toolbar), il sait toutes les pages que vous visitez ou les formulaires que vous remplissez. Si vous avez installé Google Desktop – destiné à indexer les données présentes sur votre ordinateur, afin de faciliter les recherches sur divers types de documents – sachez que ce logiciel indexe votre disque dur et permet donc d’en connaître le contenu en détail. De la même façon, sa suite bureautique en ligne, Google Docs, qui donne notamment la possibilité de travailler sur des projets à plusieurs, est comme un livre ouvert. Idem pour votre agenda si vous l’y stockez.
Google lit votre courrier et se mêle de vos contacts
La confidentialité du courrier ? C’en est fini à partir du moment où les robots de Google scannent le contenu de vos mails sur Gmail. Ils connaissent vos interlocuteurs, le nombre de fois où vous leur parlez et partagent vos confidences.
Les bornes ont été passées en février dernier avec le lancement de Google Buzz, le service social destiné aux internautes qui utilisent une adresse Gmail. Ouvert sans qu’aucun formulaire permette d’affiner ses paramètres, il mettait votre adresse dans la liste « contacts » de vos amis, permettant ainsi à leurs propres contacts – qui ne sont pas forcément les vôtres ! – de vous ajouter à leur tour.
Cette mise à disposition publique du carnet d’adresses des utilisateurs a suscité une levée de boucliers telle que Google a ajouté aussitôt plusieurs moyens de contrôle dans Google Buzz (cela lui a quand même coûté 8,5 millions de dollars, pour mettre fin à un recours collectif qui avait été déposé dès la mise en service du réseau social) et qu’il a réitéré, notamment auprès de la CNIL (commission Informatique et Libertés), ses engagements en matière de respect de la vie privée.
Google sait où vous habitez, où vous êtes et où sont vos amis
Le moteur de recherche ne s’immisce pas seulement dans votre vie personnelle et votre travail, il vous piste aussi. Plus ou moins discrètement. Vos recherches via Google Maps et les formulaires remplis sont un livre ouvert pour lui. Et si vous utilisez la géolocalisation avec votre smartphone, vous lui indiquez la position de votre portable. Encore mieux : avec Google Sync – qui permet de synchroniser ses contacts et son agenda entre un ordinateur et un smartphone –, vous lui précisez la marque et le modèle de votre appareil. Quant à Google Latitude, un service de positionnement qui indique la localisation de vos contacts sur Maps et, inversement, votre propre position, il est évidemment à double tranchant ! Mais on a la possibilité de se déconnecter ou bien d’indiquer une fausse position...
Cela nous mène à l’autre polémique en cours, qui concerne le service de numérisation des agglomérations Street View, qui permet de naviguer virtuellement dans les rues des villes et jusque dans les villages, pour localiser par exemple un commerce ou un hôtel, ou sur les routes de France et d’une trentaine de pays. Le feu couvait depuis longtemps mais finalement Google, qui, jusque-là, avait seulement admis la captation de données par inadvertance lors du sniffing de ses « Google cars », vient de reconnaître que des adresses email, des URL entières et des mots de passe ont bien été collectés sur des réseaux Wi-Fi sans protection particulière !
Google vous « espionne » : pour quoi faire ?
Entre espionnite et paranoïa, que faut-il penser ? On sait que si Google met tout en œuvre pour récupérer le maximum d’informations privées, la raison est avant tout commerciale : gagner de l’argent en vendant de la publicité et, mieux, des publicités ciblées par centre d’intérêt de chaque internaute. Depuis environ dix-huit mois, l’affichage publicitaire qui s’imprime sur nos écrans est ainsi distillé en fonction de nos goûts supposés, déduits par notre utilisation de l’ordinateur, et non plus uniquement en relation avec le domaine traité par un site partenaire.
Il convient de rappeler à ce propos que Google met à disposition depuis six mois un tableau de bord, Dashboard, qui permet à l’utilisateur de garder le contrôle sur l’information stockée sur son compte Google avec tous les services liés.
Concernant le détournement des informations par les gouvernements, Google a lui-même désamorcé la bombe en publiant il y a quelques jours une carte des demandes d’accès aux données privées et le nombre de demandes de suppression de contenus qu’il a reçues de la part de chaque pays durant le premier semestre 2010. La France a effectué 1 017 demandes et a obtenu 25 suppressions de contenus (classements complets sur www.google.com/governmentrequests). Dont acte.
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