Une pharmacienne de Darmstadt, près de Francfort, avait proposé à ses clients, il y a deux ans, des boni sous forme de viennoiseries, à chercher dans une boulangerie voisine, mais elle avait été sanctionnée au nom de l’interdiction d’offrir des remises, quelle que soit leur forme, sur les médicaments prescriptibles. Suite à l’arrêt européen autorisant les remises depuis l’étranger, elle vient de relancer en urgence une procédure pour reprendre cette distribution, au motif que l’arrêt européen est « discriminant » pour les pharmaciens allemands opérant en Allemagne.
D’après son avocat, cette discrimination justifie, selon l’article 100 de la Constitution, qu’elle puisse passer outre à la décision nationale qui l’a forcé à arrêter d’offrir des viennoiseries. De même, les pharmacies virtuelles n’opérant que depuis l’Allemagne s’apprêteraient, au nom du même article de la Constitution, à proposer elles aussi des rabais sur les prescriptions, bien qu’elles n’en aient pas le droit pour le moment. En outre, d’autres pharmaciens entendent améliorer leur service pour répondre aux pharmacies virtuelles proposant des remises : quatre officines du nord de l’Allemagne vont dorénavant ouvrir le dimanche pour être disponibles tous les jours. Ces ouvertures ne sont pas illégales en soi, mais n’en font pas moins voler en éclat toute la déontologie régissant les relations au sein de la profession officinale.
Comme si cela ne suffisait pas, un « conseil des sages en économie » qui émet régulièrement des recommandations au gouvernement, estime que la levée du prix unique « favorisera une saine concurrence dans le secteur », et propose d’aller jusqu’au bout de la démarche, c’est-à-dire d’ouvrir le capital y compris aux non-pharmaciens. À l’inverse, quelques économistes écrivent que « la libéralisation totale du marché pharmaceutique est une fausse bonne idée » car, en réduisant les points de conseil et d’orientation gratuits constitués par les pharmacies, on poussera les patients à ne se soigner que lorsqu’ils seront vraiment malades, ce qui reviendra finalement plus cher en frais médicaux qu’avec le système actuel qui permet des prises en charge plus précoces…
L’association fédérale des pharmaciens, l’ABDA, semble pour le moment peiner à trouver le ton juste face à toutes ces offensives, et annonce pour les semaines à venir « des initiatives politiques et une campagne de communication », qui semble laisser sceptique nombre de pharmaciens, dont plusieurs réclament la tenue rapide d’un congrès extraordinaire. L’ABDA menace aussi de poursuivre tous les pharmaciens qui pratiqueraient des remises de leur propre initiative.
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