DEPUIS la parution d’un décret au Journal officiel du 1er janvier 2013, les pharmaciens français sont autorisés à créer leur site internet de vente de médicaments. Ils peuvent y commercialiser des produits de prescription médicale facultative, à condition de respecter certaines règles (voir encadré). Si quelques officinaux se sont lancés dans l’aventure, comme la pharmacie de la Grâce de Dieu à Caen ou la pharmacie du Bizet à Villeneuve d’Ascq, la grande majorité des pharmaciens voient d’un mauvais œil cette évolution de la réglementation. Ainsi, pour 87,6 % d’entre eux, l’autorisation de la vente de médicaments OTC sur internet ne représente pas une évolution positive pour la pharmacie d’officine. Seuls 6,2 % des pharmaciens sont convaincus du contraire. Pour la majorité d’entre eux, cette réticence s’explique notamment par une crainte pour la sécurité des patients. Ainsi, 84,6 % des pharmaciens interrogés estiment que la loi ne présente pas suffisamment de garanties en terme de sécurité pour les consommateurs. Les risques de contrefaçon ou de piratage de sites de pharmacies sont notamment pointés du doigt. Des craintes qui ne sont sans doute pas dénuées de fondement, comme en témoigne la récente mésaventure d’un pharmacien de Salles, dont le site internet a été détourné pour vendre un médicament apparenté au Viagra (voir « Le Quotidien » du 21 février).
Craintes pour le monopole.
En revanche, les pharmaciens ne s’alarment pas outre mesure d’une possible extension de l’autorisation de vente sur internet aux produits de prescription. Seuls 27,5 % pensent que cette extension est possible, contre 63,1 % qui ne l’envisagent pas.
Ils craignent davantage pour le monopole pharmaceutique. Selon 86,3 % des sondés, l’autorisation de la vente en ligne pourrait, à terme, lui porter atteinte. Michel-Édouard Leclerc ne s’y est d’ailleurs pas trompé : il a déjà relancé une campagne de communication pour réclamer l’autorisation de vendre des médicaments dans ses grandes surfaces. Outre ces inquiétudes, les pharmaciens ne voient pas forcément l’intérêt de vendre des médicaments sur internet. Seuls 30,7 % d’entre eux pensent que ce type de vente pourrait se traduire par un développement du rayon libre accès et 83 % estiment que les patients ne sont pas en attente d’un tel service.
Conséquence logique de ces avis pleins de retenue : une minorité de pharmaciens déclarent leur intention de créer leur propre site de vente en ligne de médicaments. Seuls 13,4 % l’envisagent, alors que 80,4 % n’y sont pas disposés. Enfin, 82 % des pharmaciens interrogés estiment que les sites de commerce électronique de médicaments ne doivent pas pouvoir faire l’objet de publicité.
Ne pas communiquer sur des sites dont on craint l’existence et qu’on ne souhaite pas développer, ainsi pourrait-on résumer la position des pharmaciens vis-à-vis à ce nouveau service réglementé de l’officine.
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