Batailles rangées dans les rues, casse, blessés graves dans les deux camps, les désordres dus à la contestation de la loi réformant le code du travail menacent les grands équilibres du pays et élargissent le fossé entre le pouvoir et une forte fraction de la population. L’exigence des manifestants est sans nuances. Ils réclament l’abolition du projet, de la même manière que la loi sur la déchéance de la nationalité a été abandonnée parce que la majorité parlementaire pour la voter était introuvable.
L’exécutif espère néanmoins que, en tenant bon pendant quelques semaines particulièrement difficiles qui soulignent son impopularité, il parviendra à faire voter par la gauche un texte qui aura été si largement amendé qu’il n’aura à peu près plus rien à voir avec cla première mouture, qui fut vilipendée dès qu’elle fut exposée. L’essentiel, pour le gouvernement, c’est de trouver une issue parlementaire au problème. Il perdrait ce qu’il lui reste de crédibilité s’il renonçait après avoir déjà reçu un violent camouflet lors de la déchéance.
Le président de la République et le Premier ministre se sont fourrés eux-mêmes dans ce guêpier, en omettant d’expliquer leurs intentions aux syndicats, en confiant à Myriam El Khomri la défense d’un texte extrêmement complexe et controversé, de sorte qu’elle-même a envisagé d’emblée le recours à l’article 49-3 de la Constitution, en croyant, en gros, qu’ils pouvaient passer en force, alors que se multiplient tous les signes d’une intolérance populaire à la crise économique, au traitement de cette crise imaginés par le pouvoir, à la collusion que d’aucuns croient déceler entre le gouvernement et le patronat, au ralliement, pourtant fort incertain, de l’exécutif au libéralisme social.
Une autre contradiction
Le nouvel accident de parcours du gouvernement se produit au moment où la situation de l’économie et de l’emploi s’améliorent visiblement, avec une réduction du chômage (qui demande confirmation), une vive progression de la croissance (0,5 % pour le premier trimestre de l’année), et quelques gros contrats de ventes d’armements à l’étranger qui témoignent de la vitalité de nos grandes entreprises. Hélas, l’exécutif ne tire aucun avantage de cette embellie, plongé qu’il est dans une crise sociale quelque peu artificielle, causée effectivement par une réforme, profonde à l’origine, édulcorée en fin de parcours, qui ne représente plus l’enjeu de naguère, mais qui pousse le pays dans un cycle de violence dont il est malaisé de deviner la durée, l’ampleur et les conséquences.
Le non-renoncement du gouvernement se traduit lui-même par une autre contradiction, et pas des moins périlleuses : il n’est pas question, pour le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, de recourir à la loi sur l’état d’urgence pour interdire les manifestations, parce que, aussitôt, on accuserait le gouvernement d’avoir songé à cette mesure d’exception non pour combattre le terrorisme mais pour mater nos concitoyens. Il ne lui reste donc plus qu’à endurer les violences et la casse quotidiennes, à les réprimer par d’autres violences et à procéder chaque jour à des dizaines, voire des centaines, d’interpellations.
On verra qui craquera le premier, du pouvoir ou des opposants à la loi El Khomri ; mais cette crise ne saurait être balayée d’un revers de la main, elle est très dangereuse pour l’équilibre des institutions, dans lesquelles le gouvernement place tous ses espoirs : quelles que soient leurs revendications, les manifestants ne doivent pas avoir le dernier mot, alors que le Parlement est seul à prendre démocratiquement les décisions ultimes. Seulement voilà : le peuple anti-loi travail croit si peu aux institutions qu’il propose une autre façon de traiter le problème.
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