La réforme du travail devait être la plus importante du quinquennat. Non seulement elle risque d’être vidée de son contenu à cause de l’opposition d’une partie de la gauche et des syndicats, mais les divisions apparues au sein même de l’exécutif, et les objectifs politiques différents que poursuivent le président de la République, le Premier ministre et, accessoirement, le ministre de l’Économie, rendent bien difficile sa mise en œuvre.
Le chef de l’État semble avoir l’art de se bâtir des obstacles. Il venait de commettre une erreur sérieuse en se lançant imprudemment dans la déchéance de nationalité, qui lui a valu les pires commentaires de la gauche et le scepticisme de l’opposition. Il a récidivé avec le projet de loi travail dont il avait approuvé le contenu, selon Manuel Valls, avant de chercher à se sortir du guêpier, au prix d’un certain nombre de renoncements qui affaibliront la portée du texte.
Voilà que les syndicats, quoique divisés, préparent manifestations et grèves, tandis que les jeunes, étudiants et lycéens, auxquels la loi est censée ouvrir l’accès au travail, se mobilisent contre elle, ce qui, compte tenu des précédents, notamment le contrat première embauche (CPE), qui fut abrogé en 2006 sous la pression de la rue, est un cauchemar pour l’exécutif.
Il y avait sûrement une meilleure méthode pour présenter le projet sans qu’il enflamme le pays. La ministre du travail, Myriam El Khomri, avait déjà commis une faute en déclarant, avant même que le contenu du texte fût révélé, que le gouvernement envisageait d’utiliser l’article 49-3 de la Constitution pour faire adopter la loi sans vote. C’était une atteinte au rôle des élus.
En outre, un pouvoir qui veut s’engager dans ce qui aurait pu être la principale réforme du quinquennat ne peut pas se contenter de dire qu’il a seulement apporté des aménagements au code actuel du travail, qu’il l’a allégé ou simplifié. Il s’agit en réalité, pour la gauche, d’un tournant historique. Il s’agit de rejoindre le peloton des États européens qui ont choisi la flexi-sécurité, l’ont appliquée et obtenu des résultats. Il s’agit d’associer le maximum d’élus, de syndicalistes, d’entreprises et de salariés à une sorte de révolution économique et sociale.
Une réforme clandestine
Le travail d’explication n’a pas été fait, comme si le gouvernement, si actif sur le plan de la communication, avait omis, cette fois, d’assurer celle du texte. Cela tient probablement au fait que le président de la République n’est pas sûr de ce qu’il doit faire, qu’il sentait bien que le terrain était mouvant et que, au lieu d’avoir le courage d’aller devant les Français et de leur dire que si l’on veut vraiment réduire le taux de chômage, il n’existe pas de meilleur moyen que celui-ci, d’autant qu’il a été expérimenté, a préféré voir ce qui allait se passer. Or on ne fait pas une réforme de ce genre dans la clandestinité, dans le tâtonnement, dans l’approximatif. Il fallait dire les choses et admetter publiquement que la réforme du code du travail risquait de choquer l’opinion mais méritait néanmoins d’être lancée.
On avait pourtant pris la précaution de confier le projet à une ministre nettement à gauche et on en avait privé Emmanuel Macron, personnage trop controversé. Il en aurait conçu un peu de ressentiment, mais alors que la fin du quinquennat approche, on l’entend parler sur tous les sujets, ce qui indispose ses collègues, un peu comme s’il s’arrogeait le droit de s’exprimer en dehors de ses compétences.
M. Hollande est directement responsable de cette confusion. Le moins que l’on puisse dire, c’est que, à ce jour, il n’a pas défendu le projet comme il le fallait ; il a laissé se glisser entre et le Premier ministre une forme de doute ou de défiance peu propices à la résolution des crises ; le remaniement gouvernemental auquel il a procédé n’a rien changé sinon qu’il a heurté quelques sensibilités et qu’il a réintégré un ancien Premier ministre, ce que ni le chef de l’État ni Jean-Marc Ayrault n’auraient dû accepter ; et maintenant, aux frictions entre les deux têtes de l’exécutif s’ajoutent les ambitions de M. Macron, déjà soutenu par des réseaux qui souhaient le faire président en 2022 !
On est donc tenté de dire que, pour des enjeux essentiels, le gouvernement n’a pas été sérieux, que M. Hollande, qui a de grandes qualités par ailleurs, n’est toujours pas décidé à renoncer aux vieilles lunes de la gauche pour engager une politique économique et sociale clairement dirigée vers la croissance et l’emploi, qu’il reste au milieu du gué, pas sûr de rejoindre la rive droite tandis que, de la rive gauche lui parviennent les clameurs indignées des amis qui s’estiment trahis. C’est dans cette hésitation, dans cette confusion, dans cette incertitude, que nous irons jusqu’au terme du quinquennat.
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