« Désirez-vous un sac à 20 centimes, ou un cabas réutilisable à 1,50 euro, tout en soutenant une bonne cause ? », C’est en ces termes que Frédérique Sarran, titulaire à Chaville (Hauts-de-Seine), propose à ses patients d’acheter un sac de caisse afin d’en reverser tous les bénéfices à cinq associations de notoriété, qui s’investissent pour la recherche médicale ou à l’accompagnement du malade : la Fondation pour la recherche médicale, l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM), l’Institut Curie, l’Institut Pasteur et Perce-neige. Des sacs baptisés « Merci pour eux ! » par Frédérique Sarran et son mari Dominique, tous deux à l’origine du projet. « Je propose ces sacs depuis début juin 2017 à l’officine, et une dizaine de pharmacies entrent progressivement dans la même démarche, raconte Frédérique Sarran. Tout pharmacien intéressé peut également se faire connaître en laissant ses coordonnées sur notre site qui vient d’ouvrir, ou par mail*. »
Le projet n’en est qu’à ses débuts. Il prendra toute son ampleur en septembre prochain : « à ce moment, nous enverrons un courrier à tous les pharmaciens pour leur présenter le concept avec des échantillons de sacs à l’appui, puis un réseau de délégués pharmaceutiques leur rendra visite pour leur proposer d’y adhérer », poursuit la titulaire. En pratique, au-delà du prix de revient du sac, tout est reversé aux fondations partenaires. Soit 10 centimes sur les sacs biodégradables (55 % du prix de vente HT) et 1 euro sur les cabas (70 % du prix de vente HT). Au final, les sommes récoltées pourraient être rondelettes : « Chaque jour, 4,5 millions de Français se rendent à la pharmacie. Alors, si la moitié des pharmaciens s’engageaient dans le projet et vendaient un sac à 30 % de leur clientèle et un cabas à 4 % de leur clientèle, on pourrait récolter 50 millions d’euros pour la recherche ! C’est plus de la moitié des fonds recueillis lors du téléthon (92 millions d'euros en 2016), s’enthousiasme Dominique Sarran. Ainsi, les pharmaciens pourraient devenir le premier contributeur pour la recherche médicale. »
Une solution à la nouvelle réglementation
L’idée de ce projet a germé il y a un plus d’un an dans l’esprit des Sarran, alors que la nouvelle réglementation sur les sacs de caisse faisait son apparition. Le 31 mars 2016, un décret annonce en effet que les sacs en matières plastiques à usage unique seront interdits aux caisses à compter du 1er juillet 2016. La mesure s’applique à tous les commerces, dont la pharmacie, et la réglementation interdit du reste aux pharmaciens de réaliser un bénéfice sur cet objet, contrairement à la plupart des secteurs de la distribution. Autrement dit, les pharmaciens devaient changer de sacs de caisse pour proposer des sacs biodégradables ou réutilisables, mais n’avaient pas le droit de les vendre.
Face à cette nouvelle réglementation, Frédérique Sarran s’est demandé si l’on ne pouvait pas mettre en place un concept similaire aux cartes UNICEF. « Il y a quelques années, une patiente venait me déposer des cartes de vœux UNICEF que je vendais au client, et dont les bénéfices étaient reversés à l’association. Pourquoi ne pas faire pareil avec les sacs de caisse ? », raconte la titulaire. D’autant plus que son époux possède quelques contacts dans le milieu des fondations. Ce dernier se rapproche alors de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière, puis c’est la réaction en cascade : de fil en aiguille, le projet du couple séduit l’Institut Pasteur, l’Institut Curie, Perce-Neige, la Fondation pour la recherche médicale, qui deviennent partenaires de l’opération. Le projet présenté se veut irréprochable : « Nous n’avons contacté que des organisations philanthropiques reconnues d’utilité publique, et l’intégralité du projet est d’une transparence totale : la liste des pharmacies adhérentes, les montants collectés au niveau national et les sommes reversées aux fondations sont transparents, les éléments financiers sont publics et font l’objet d’une certification par un commissaire aux comptes », détaille Dominique Sarran.
Ce soutien, assimilable à un micro-don, a d’autant plus séduit les fondations et associations que ces dernières sont aujourd’hui à la recherche de nouvelles sources de financement. « En effet, les fondations sont financées à 50 % par l’enveloppe budgétaire de l’État et à 50 % par les dons, mais ces deux sources s’amenuisent au fil du temps », commente Dominique Sarran. L’État rogne sur les montants des enveloppes, et les dons importants, tels les legs familiaux, se font de plus en plus rares. Quant aux mailings, ils ont désormais moins d’impact. En revanche, le micro-don a le vent en poupe. Qu’il s’agisse de donner les centimes de sa feuille de paie, ou de la monnaie sur un ticket de caisse… les Français semblent plutôt motivés. Pour les sacs de caisse, 68 % des citoyens ont déclaré être prêts à payer un sac 20 centimes afin d'en reverser la moitié à des fondations, selon un sondage Opinion Way réalisé pour accompagner le projet.
Un modèle… économique
Enfin, pour le pharmacien, participer au projet permet de réaliser au final des économies. En effet, « l’achat de sacs représente une dépense de l’ordre de 0,15 % du chiffre d’affaires, soit environ 2 000 euros chaque année pour une pharmacie de taille moyenne », commente Dominique Sarran. En adhérant à « Merci pour eux ! », le seul engagement financier demandé au pharmacien est une contribution de 150 euros pour les frais de mise en place. Ensuite, plus aucune charge ne pèse sur l’officine. Le pharmacien commande chaque mois des sacs en quantité voulue qui lui sont livrés par Eurodep. Ces sacs sont mis en dépôt-vente à l’officine, et le pharmacien règle les sacs commandés à 60 jours. Enfin, « l’image du pharmacien, déjà très bonne - puisque 93 % des Français font confiance à leur pharmacien selon notre sondage - se voit encore améliorée en proposant ce geste de générosité », souligne Frédérique Sarran.
* Site : mercipoureux.org ou e-mail : contact@mercipoureux.org.
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