POUR DE NOMBREUX pharmaciens, l’équipement informatique est une affaire qui roule. Confié à un partenaire, le plus souvent l’éditeur du logiciel de gestion qui anime son système d’information, il ne suscite pas de curiosité particulière. Si bien que les évolutions techniques lui sont transparentes. « L’évolution naturelle des PC et des serveurs, liée à leur vitesse ou à leur puissance, est assez abstraite pour les titulaires, et pourtant, elle renforce leur confort quotidien d’utilisation » affirme ainsi Jérôme Lapray, responsable marketing de Pharmagest. « Les logiciels évoluent, les matériels doivent évoluer aussi pour faire face au nombre croissant de données à gérer. » Transparentes, oui, sauf quand le matériel doit rentrer dans des comptoirs plus petits. « On observe une évolution conjointe entre l’aménagement des pharmacies et l’informatique » ajoute Jérôme Lapray.
Un aménagement qui privilégie désormais des comptoirs plus petits, plus étroits, mais qui doivent contenir autant d’éléments qu’auparavant, informatiques, bureautiques ou autres. Seule solution, les équipements doivent prendre moins de place. Les postes de travail disparaissent des pupitres, les écrans apparaissent sur les comptoirs et les fournisseurs veillent à répondre à cette tendance. Isipharm par exemple a récemment lié un partenariat avec Fujitsu Siemens. « Il faut des postes de faible encombrement et de faible consommation » explique André Tavernier, responsable achat chez l’éditeur. Problématique que l’éditeur applique également aux écrans, notamment tactiles, qu’il commercialise, plus économes selon lui, et plus résistants grâce à leur dalle en verre. Winpharma pousse également les écrans tactiles, « ils permettent de mixer l’usage tactile avec le clavier et la souris pour une utilisation plus rapide et plus intuitive » explique Bénédicte Karpov, présidente de l’éditeur.
Les scanners au cœur de la demande.
Cette contrainte liée à la taille pourrait paraître anecdotique, elle est pourtant présente dans la stratégie des fournisseurs de matériels, et ceux-ci visent à référencer des modèles de moins en moins encombrants, et ce dans tous les domaines où cela est possible. À commencer par ceux qui suscitent le plus l’intérêt des pharmaciens aujourd’hui, comme les scanners. Ces périphériques sont en effet au centre des besoins d’équipements des officines. « La numérisation des documents au comptoir apporte un gain de productivité décisif » évoque Sophie Roussel, directrice marketing et communication d’Alliadis. Archivage des documents facilité, des heures de brassage de papier économisées, réduction de la consommation de papier, les scanners s’imposent et ce d’autant plus que la CPAM expérimente l’usage de la numérisation depuis fin 2009. « Cette expérimentation a été étendue à tous les départements et vise à généraliser cet usage, peut-être l’année prochaine, pour la gestion du tiers payant » ajoute Sophie Roussel. Les fournisseurs étoffent donc leurs offres avec plusieurs modèles susceptibles d’intégrer le maximum de paramètres intéressant les pharmaciens.
Numérisation recto-verso, capacité de prendre plusieurs feuilles, vitesse (10, 20 ou plus pages par minute) et surtout l’encombrement sont les caractéristiques mises en avant. Ainsi la société Medprice, spécialiste du matériel informatique pour les professions de santé constate-t-elle que les pharmacies préfèrent des scanners de faible encombrement mais relativement lentes à des machines puissantes et rapides. Il faut souligner qu’une interface particulière est nécessaire pour ces scanners lorsqu’ils doivent fonctionner en environnement Linux. Notons qu’à côté des scanners, l’évolution de produits « cousins » en quelque sorte, les imprimantes, reste moins marquée en officine, où l’OKI 320, une matricielle qui répond aux exigences de pharmaciens (comme le fait d’imprimer au dos de l’ordonnance) domine toujours le marché. De petites imprimantes jet d’encre capables de répondre aux mêmes exigences tout en étant silencieuses ont néanmoins fait leur apparition dans les catalogues des fournisseurs, mais elles souffrent du prix des consommables. En back-office, les multifonctions classiques ont trouvé leur place.
Les lecteurs Datamatrix sont prêts.
Autre domaine d’équipement également lié à l’évolution réglementaire, celui des lecteurs Datamatrix. Certes, l’application de cette nouvelle norme initialement prévue pour le 01er janvier de cette année a été reportée à une date ultérieure, le temps de laisser à toutes les parties concernées de se préparer à cette évolution, mais les lecteurs capables de lire cette norme sont là, et les pharmaciens ont commencé de s’équiper massivement si l’on en croit les fournisseurs. Ces lecteurs peuvent lire tout aussi bien l’actuel code-barres que le futur Datamatrix qui lui permettra d’intégrer des informations liées au numéro de lot et la date de péremption du médicament (pour en assurer la traçabilité). Les différences entre les modèles proposés par les fournisseurs sont liées à la distance de lecture. « Certaines boîtes, plus volumineuses, ont une capacité de lecture plus grande ce qui permet une plus grande tolérance focale et un maniement plus simple » explique Ghislain Vanlaer, gérant de Medprice, « mais des pharmaciens préfèrent des boîtes plus petites, avec une distance de lecture plus étroite. » Là encore, la question de l’encombrement se révèle être un argument décisif. Pour Arilog, autre spécialiste de l’équipement informatique des professions de santé, « le lecteur code-barres doit être robuste et agressif en lecture pour ne pas perdre de temps au comptoir » selon son gérant, Xavier Richard.
Des lecteurs à tout faire.
Autre secteur bénéficiant d’évolutions substantielles, celui des lecteurs de la carte Sésame Vitale. Les produits se multiplient pour offrir aux pharmaciens des lecteurs capables de lire et la carte Vitale, et les cartes bancaires. Outils intéressants puisqu’ils réduisent de fait leur place au comptoir. Pharmagest propose un lecteur « trifente » capable de lire la carte CPS du praticien, la carte Sésame Vitale et les cartes mutuelles. Dernière évolution relative aux lecteurs de cartes Vitale, celle de la mise à jour des droits, jusque-là rendue possible par des bornes dédiées placées ailleurs dans la pharmacie, et désormais opérationnelle au comptoir. « Cela apporte gains de productivité et de trésorerie, puisque faite au comptoir, la mise à jour réduit sensiblement le risque de rejet » explique Sophie Roussel. « Il faut cependant que la CPAM soit prête pour ce process de mise à jour, ce qui n’est pas encore le cas. »
À côté de ces différentes évolutions qui facilitent la vie des pharmaciens et préparateurs au comptoir, il en est également une importante liée à la sécurisation des données de l’officine. Nombre de fournisseurs constatent que bien souvent, la seule précaution prise pour sauvegarder les données est d’utiliser des clés USB. « C’est une question délicate et les pharmaciens sont conscients de l’importance de la sauvegarde » remarque Jérôme Lapray, « mais la prise de conscience réelle se fait surtout quand un scrash de disque dur se produit ».
Mieux vaut donc prévenir que guérir et les plusieurs fournisseurs proposent des solutions permettant ce qu’ils appellent la « continuité du service » en sauvegardant les données sur d’autres supports. Ces technologies ne sont pas neuves, mais elles s’améliorent et se diversifient. En règle générale, les fournisseurs proposent plusieurs solutions de sauvegarde automatique soit sur des disques durs doublés ou un serveur de secours, soit sur un serveur à l’extérieur de la pharmacie.
Ces améliorations de l’offre se font souvent dans le cadre de solutions proposées par les éditeurs qui encadrent le pharmacien en lui demandant de se fournir chez lui au niveau du matériel. Exigence qui parfois peut se justifier au plan technique, les éditeurs qui travaillent sous Linux, comme Alliadis, avancent la nécessité de travailler sur les interfaces pour que l’ensemble matériel – logiciel soit optimisé. Mais d’autres préfèrent lâcher la bride, comme Winpharma. « Fonctionnant sous Windows, notre logiciel laisse le pharmacien libre de choisir son matériel et de comparer » affirme Bénédicte Karpov. Ceux qui se sentent à l’aise avec l’informatique ne s’en privent pas et peuvent trouver en effet des matériels nettement moins chers, à charge pour eux de s’assurer que le service après-vente est à la hauteur de leurs attentes.
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