LA PREMIÈRE question que doivent se poser les titulaires quand ils cherchent à refaire l’éclairage de leur officine est de savoir à qui s’adresser. Devant la pléthore d’acteurs susceptibles d’intervenir, le choix n’est pas facile. Le contexte commande souvent le choix final : quand le titulaire est en phase de création ou de refonte totale de son officine, l’éclairage sera le plus souvent confié à un agenceur qui jouera le rôle de maître d’ouvrage sur l’ensemble de la pharmacie. En cas de refonte partielle, ou de travail spécifique sur l’éclairage, la réponse à cette question est moins évidente. Il existe en effet des spécialistes de l’éclairage qui interviennent directement auprès de leurs clients. Ceux-ci regrettent d’ailleurs parfois que l’on n’ait pas plus souvent recours à eux de manière directe. « Les agenceurs n’ont pas toujours le souci de pousser la réflexion sur l’éclairage qui bien souvent se trouve traité en dernier » déplore ainsi Gérard Fahrer, directeur commercial de Velum, un spécialiste de l’éclairage implanté en Alsace. « Et de ce fait, 80 % des éclairages sont ratés » renchérit Jérôme Mulsant, dirigeant associé de Light Marketing, un autre spécialiste implanté à Lyon. Mais en dépit de leurs préférences à travailler en direct avec le client, ils collaborent beaucoup avec les agenceurs, qu’ils soient nationaux, ou régionaux.
Éclairer le blanc n’est pas évident.
Pour le pharmacien, l’essentiel est de travailler avec une entreprise qui connaît les spécificités de son métier dans le domaine de l’éclairage. « C’est un des métiers les plus difficiles à éclairer » souligne ainsi Philippe Dramard, directeur marketing du fabricant GE Lighting (filiale du géant industriel et financier GE Capital). « C’est souvent blanc, et éclairer le blanc n’est pas évident, il faut que les clients puissent se sentir à l’aise dans un lieu où ils vont rarement par plaisir, il faut aussi une bonne capacité de lecture aussi bien aux clients qu’au personnel de l’officine » précise-t-il. « Ils ont un souci plus marqué de l’éclairage du produit » ajoute Jérôme Mulsant. Une clientèle jugée informée et exigeante selon la plupart des acteurs de l’éclairage que nous avons interrogés. Et pas seulement pour l’intérieur de l’officine. L’éclairage de la façade, et en particulier de la vitrine, a aussi son importance. « La signalétique ne fonctionne pas de la même façon que dans d’autres métiers, comme les enseignes de la distribution dont le nom suffit pour guider les clients alors qu’il faut une véritable identité visuelle à la pharmacie pour que celle-ci s’inscrive dans leur mémoire » explique Jean-François Dreher, directeur général de Winlight, un spécialiste de la technologie led sis à Dardilly dans le Rhône. Autres exigences des pharmaciens, « allier la qualité de la lumière, sa quantité et son coût d’exploitation » selon Gérard Fahrer « ce qui n’est pas toujours facile. » Il faut y ajouter également la dimension environnementale désormais inhérente à tout ce qui touche l’énergie.
Attention à la ledmania.
À ces différentes contraintes, les industriels ont apporté une réponse sous la forme des diodes électroluminescentes ou led (pour light-emitting diodes), une technologie récente qui commence à prendre de l’importance. Pour tous les acteurs, l’arrivée des led est une petite révolution dans le domaine de l’éclairage. Au moins sur le plan de la consommation et de l’impact environnemental. « Elle divise par six ou sept la consommation d’électricité et a une durée de vie exceptionnelle de 50 000 heures, soit cinq ans d’utilisation » souligne Jean-François Dreher. Les autres technologies ont une durée de vie autour de 15 000 heures, encore faut-il aussi considérer la perte de flux pendant cette durée de vie, celle des led est l’une des plus basses. Un élément à considérer car si de fait la led est encore plus chère en moyenne que les autres technologies - mais cela change vite car son succès tend à faire baisser les prix - elle l’est moins si l’on intègre ses coûts d’exploitation, largement inférieurs aux autres technologies. Elle a de plus l’avantage d’être « propre ». « Elle ne contient pas de mercure et ne dégage pas d’ondes négatives comme les lampes fluo compactes qu’on présente aujourd’hui comme propices à l’environnement alors qu’elles se contentent de consommer moins » remarque Luc Queau, gérant d’ELB, un agenceur situé en Bretagne. Mieux encore, ses possibilités d’usage se sont étendues. Sa lumière est moins blafarde qu’avant, il est plus facile de varier ce que les spécialistes appellent ses « températures de couleur » (en fait sa gamme chromatique). Mais elle reste encore cantonnée à des usages bien précis. « Attention à la ledmania » prévient Philippe Dramard, qui certes ne conteste pas l’importance de cette technologie, « c’est l’avenir de l’éclairage » prédit-il, mais aujourd’hui, on ne peut guère aller au-delà d’un usage ponctuel, limité à celui de faisceaux dirigés sur des zones bien précises, les produits par exemple. Sa puissance est encore inférieure à celle d’autres technologies, comme les lampes à décharge ou iodures métalliques et son angle encore réduit, même s’il s’améliore. « Cela va néanmoins vite changer » prédit Frédéric Shearn, président fondateur de Luminis, un spécialiste de la led installé dans le Vaucluse, pour qui il faut laisser aussi le temps aux agenceurs de s’approprier cette nouvelle technologie.
Rivaliser avec le soleil.
En attendant, les agenceurs et spécialistes de l’éclairage proposent un dosage adapté de différentes technologies pour répondre aux besoins des pharmacies. Certains préconisent volontiers l’usage des iodures métalliques pour éclairer les vitrines, à l’instar de Velum. Ces lampes ont une puissance suffisante pour rivaliser avec le soleil, et permettre ainsi de véritables animations de la vitrine selon Gérard Fahrer. À l’intérieur, les classiques lampes à fluorescence compacte constituent une source lumineuse générale qui ne chauffe pas et leur gamme de températures de couleurs permet d’ajuster l’ambiance recherchée par le titulaire. Pour Philippe Dramard, les lampes à iodure métallique permettent de donner du relief là où c’est nécessaire, les étagères par exemple, ou une partie du comptoir. C’est affaire de vision, et chaque acteur a la sienne. L’essentiel est pour Gérard Fahrer de donner de la « profondeur à l’ensemble de l’officine, notamment en éclairant de manière adéquate le fond, un peu à l’image de ce qui se fait sur une scène de théâtre, où le fond de scène bénéficie d’un éclairage différent de celui qui suit les comédiens. »
Le tout est aussi de savoir à quel prix disposer de cet éclairage de qualité. Les acteurs de ce marché n’ayant pas d’étalonnage spécifique, il est difficile de donner une échelle de valeurs à laquelle se référer, et cela dépend beaucoup de ce qu’est prêt à investir le titulaire. « Pour une pharmacie qui va de 60 à 100 mètres carrés, les tarifs peuvent ainsi varier de 5 000 à 25 000 € » révèle Gérard Fahrer. Une façade extérieure peut coûter beaucoup plus cher selon Jean-François Dreher, jusqu’à 60 000 €. « Le coût de l’éclairage ne change pas beaucoup » estime pour sa part Christian Cartier, dirigeant associé de Pubpharma, un agenceur francilien spécialisé dans la pharmacie. « Celui de la matière première tend à baisser tandis que celui de la main-d’œuvre augmente ». « Le budget consacré à l’éclairage reste aujourd’hui équivalent à ce qu’il était il y a un an » approuve Luc Quéau, l’économie est ailleurs, dans la baisse des coûts d’exploitation promise par les leds. Pour lui, ces investissements sont très vite amortis, en l’espace d’un ou deux ans. Quant à la part de l’éclairage dans un budget global de création, on peut citer l’exemple de la pharmacie de la paix, à Lognes dans la Seine-et-Marne (voir encadré ci contre), qui y a consacré 15 % de son investissement.
Près de 40 % du chiffre d’affaires
Médicaments chers : poids lourds de l’activité officinale
Les concentrations continuent
Hygie 31, Giropharm : grandes manœuvres au sein des groupements
Valorisation et transactions en 2023
La pharmacie, le commerce le plus dynamique de France
Gestion de l’officine
Télédéclarez votre chiffre d’affaires avant le 30 juin